Nos questions à… Arnaud Assoumani
Membre du team BMW Performance, Arnaud Assoumani a accepté de répondre aux 7 questions de sportsmarketing à l’occasion du Mondial de l’Automobile qui démarre demain.
Rapide palmarès :
Vice-champion Paralympique de saut en longueur et triple saut en 2012
Champion du Monde de saut en longueur en 2011
Champion Paralympique de saut en longueur en 2008
Que recherches-tu chez un sponsor ?
Je pense que chaque sportif, au départ, a un argument pour la recherche, c’est de l’aider dans sa préparation et de pouvoir l’accompagner sur du long terme et sur des objectifs assez précis, que ce soit des Jeux pour ceux qui font des sports olympiques, un championnat du monde pour les sports collectifs.
Ce que j’attends de la relation avec un partenaire, c’est le partage des valeurs, que ce soit au niveau performance, au niveau du travail, la remise en question, il y a beaucoup de choses qui sont transposables au monde de l’entreprise. Une marque peut partager avec les athlètes et c’est surtout que ce soit du donnant-donnant. On a un partenaire qui est là pour nous soutenir financièrement mais aussi sur des événements, c’est normal qu’en retour on fasse des événements de relations publiques ou autres et qu’on puisse montrer la meilleure image possible pour la marque.
Peux-tu nous parler de la relation que tu as avec BMW ?
J’ai été étonné quand j’ai été contacté pour faire partie du team BMW Performance en 2012. Je me considère comme un athlète mais malgré tout je suis un athlète paralympique, je suis né avec un handicap qui pour moi n’en n’est pas un. Au niveau de l’image, il y a beaucoup d’entreprises que ça peut déranger et d’autres que ça ne dérange pas du tout et qui justement ont aussi vu l’intérêt d’intégrer de la diversité, une différence. BMW est une de ces entreprises qui m’a agréablement surpris car ce n’est pas forcément l’image que je pouvais me faire de la marque. Justement pour BMW c’est vraiment ça, ils veulent changer l’image de la marque et ils ne travaillent pas avec des footballeurs ou des gens qui ont une notoriété incroyable.
Je pense qu’on (les membres du team) a tous les pieds sur terre, on a des valeurs qui sont saines et qu’on peut partager aussi avec des personnes du sport plus amateur, cette proximité, je pense que ça a beaucoup intéressé BMW. C’est une relation très naturelle et humaine et c’est vraiment ce qui me plait car je ne suis pas compliqué, je n’aime pas quand c’est compliqué, je n’aime pas quand c’est « paillette ». Il faut que ce soit simple et là c’est vraiment des valeurs très simples et une relation agréable. Et surtout ce sont des moments de vie qu’on partage tous ensemble et l’esprit de team c’est vraiment ça, il y a vraiment un esprit qui s’est créé autour de cette team, ça ne s’est pas fait en un jour. Il a fallu qu’on se rencontre, qu’on se connaisse un peu plus au cours des différents événements, que ce soit l’Open de Golf, les séminaires… Avec Vincent Gauthier-Manuel, on a eu la chance de faire un essai sur le circuit de Magny cours avec BMW M3 et M4, ce sont des moments de vie qu’on partage et qui font que l’on apprend à se connaitre les uns les autres et je pense que BMW veut faire ressortir cet esprit là, personne ne ment ou ne triche, c’est naturel.
Après ce qui est intéressant pour une marque c’est l’accompagnement dans les bons comme dans les mauvais moments. Actuellement j’ai eu 2 ans où j’ai eu beaucoup de blessures et ce n’était pas évident, c’était un moment assez bas mais ce que j’apprécie avec mes partenaires et BMW c’est qu’il n’y a aucune question ni de remise en question concernant notre collaboration au contraire, ils sont là pour soutenir et montrer leur confiance et je pense que ça c’est très important. Quand il y aura de nouveau des résultats, cette histoire on pourra la raconter tous les 2. Sans eux, je ne pourrais pas avoir les conditions d’entrainement que j’ai.
Gères-tu tes réseaux sociaux seul ?
Je gère tous mes réseaux sociaux seul, je travaille avec une attachée de presse depuis 1 an maintenant mais concernant les réseaux sociaux je fais tout tout seul. Après je n’ai pas des milliers et des milliers de fans ni d’actualité tout le temps mais la communication c’est très important. J’essaye de communiquer au mieux, pas forcément au maximum mais au mieux parce que ce n’est pas forcément évident de parler de soi, faire des selfies ou se prendre en photo, je ne suis pas forcément fan de ça. Mais que ce soit pour les partenaires ou pour mes proches et tous les gens qui me soutiennent, c’est très important de pouvoir partager, de raconter un peu notre histoire et ce que l’on vit.
Pour toi, quel sportif (français ou international) gère bien sa communication sur les réseaux sociaux ?
Martin (Fourcade), je pense qu’il gère très bien sa communication sur les réseaux sociaux, en plus depuis Sotchi, il a encore plus de fans. Tony Estanguet commence à s’améliorer, Tony c’était pas du tout son truc mais il s’y est mis et il communique plutôt bien. Sinon les Anglo-Saxons de manière générale sont plutôt bons, je vois par rapport aux Etats-Unis, comme je m’entraine là bas, il y a moins de tabou et ils vont partager beaucoup plus facilement des moments de vie privée, ce que l’on fait un petit peu moins en France et moi que je ne fais quasiment pas du tout, mes moments de vie privée on ne les verra que très rarement sur les réseaux sociaux.
Peux-tu citer une campagne de communication ou une publicité (domaine sportif) qui t’a marqué et pourquoi ?
Je n’en ai pas vu énormément parce que je ne regarde pas vraiment la télévision. Il y a la campagne adidas boost qui est super pour les courses dans Paris en ce moment.
En 2008, tu es devenu champion paralympique. Peux-tu nous parler de ce qui a changé depuis ?
J’ai été Champion Paralympique en 2008, et à ce moment ça m’a ouvert des portes, c’est le moment où j’ai commencé à avoir un équipementier, adidas. Ca permet d’avoir un peu plus de notoriété même si ce n’est pas une grosse notoriété, les gens savent un peu plus qui tu es et ça ouvre des portes.
Après, il y a des opportunités qu’il faut saisir et moi j’ai eu la chance d’avoir de nouveaux partenaires, ça s’est vraiment fait au fur et à mesure, je ne m’étais pas forcément plus rapproché d’eux, ce sont généralement des rencontres que j’avais faites quelques années avant et je m’étais dit à ce moment là que jamais je les « aurai ». Dans le monde paralympique c’est d’autant plus difficile, déjà dans l’athlétisme ce n’est pas forcément évident, donc je n’avais pas forcément « d’espoir », je faisais mon petit bonhomme de chemin et en fait, ces personnes en question se sont rappelées de moi plus tard. Il y avait les résultats, le fait que j’étais étudiant à Sciences Po Paris, le profil était intéressant.
De manière plus générale, ce n’est pas parce qu’on fait des résultats qu’on va forcément avoir des partenaires, et que tout va être beau et tout va changer, par contre, ce qui est sûr, quand on fait des résultats, ce sont des opportunités, à nous de savoir être malin, bien communiquer. Par exemple, pour une entreprise c’est compliqué de s’associer à quelqu’un qui n’a pas une bonne image. Nos valeurs, rester soi-même, le résultat aide beaucoup, là je parle pour les sports olympiques et paralympiques. Après pour d’autres sports, les résultats peuvent compter plus parce qu’on va vraiment être dans des relations beaucoup plus financières avec un retour sur investissement comme sur une Coupe du Monde, ce sont des accords plus financiers que liés à l’image, aux messages à faire passer, c’est plutôt un logo à montrer. Avec BMW et mes partenaires, la chance que j’ai c’est qu’on est vraiment sur une histoire sur le plus long terme et des valeurs communes.
Peux-tu nous parler de ton projet de participer aux Jeux Olympiques ?
C’est toujours d’actualité, je m’étais fixé l’objectif après les Jeux de 2008, de participer aux Jeux Paralympiques et Olympiques de Londres mais ça ne s’est pas passé comme je l’aurais aimé, je ne me suis pas qualifié. C’est toujours mon objectif dans tous les cas après j’en suis assez loin aujourd’hui parce que j’ai passé 2 ans avec pas mal de blessures. C’est un objectif que j’ai mais que je ne crie pas haut et fort car ça pourrait paraitre comme un excès de confiance, irréaliste ou utopique pour certains mais je connais mon potentiel, je sais de quoi je suis capable, mes partenaires et mon entraineur me font confiance, maintenant reste à parler sur la piste.
La priorité pour moi, c’est surtout d’être en bonne santé et travailler dur et intelligemment, avec l’expérience, c’est ce qu’il y a des plus facile même si pour beaucoup ça semble compliqué, le plus difficile c’est d’être blessé et de ne pas forcément savoir pourquoi, d’être dans la recherche et de revenir en bonne santé, c’est ce qui est le plus dur physiquement et psychologiquement. Il y a un travail à faire par rapport aux moments de doute qu’on peut avoir, être reboosté, avoir de nouveau confiance en ses capacités, c’est un cheminement qui est très intéressant qui au final rend beaucoup plus fort, ça j’en suis sûr. On verra ce que ça va donner dans les 2 prochaines années, ma priorité est de ne pas me blesser, je ne m’inquiète pas pour le reste.
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