Cet article a été écrit par mon ami, Alan Abrahamson, avec qui j’ai l’occasion de travailler sur le Global Sports Forum Barcelona et sans doute LE journaliste du monde Olympique, et qui m’a gentiment autorisé à reprendre et traduire le contenu de son article, paru le 7 juin dernier, sur l’une des actualités du mois dans le monde du marketing sportif américain.
Il y a un vieil adage dans le boxe : «si tu veux battre le champion, il faut le faire par K.O.»
C’est plus ou moins ce qui s’est passé concernant la lutte à l’acquisition des droits média des prochaines Olympiades aux Etats-Unis, qui viennent d’être attribués mardi dernier à NBC pour 4.38 milliards de dollars pour les jeux de 2014 (Sochi), 2016 (Rio), 2018 (Annecy, Pyeong Chang ou Munich) et 2020 (en cours).
Fox était de la partie. Tout comme ESPN et ABC qui ont répondu conjointement.
Mais NBC, qui a diffusé chaque J.O. d’éte aux Etats-Unis depuis 1988 et chaque J.O. d’hiver depuis 2002, a toujours été le favori, même après la démission de Dick Ebersol, monsieur NBC Sports.
Il y a 8 ans, lors du dernier appel d’offres, NBC remporta la mise avec une offre avoisinant les 2 milliards de dollars pour les Olympiades de 2010 et 2012. Un partenariat de dernière minute avec General Eletric permit de faire grossir le contrat à 2.2 milliards de dollars. Fox était déjà là, avec une offre à 1.3 milliards de dollars, alors qu’ESPN proposa de partager les revenus avec le CIO mais le CIO ne donna gère suite à cette offre.
Cette année, NBC a frappé fort – une fois de plus.
ESPN choisit de candidater uniquement pour les Jeux de 2014 et 2016 et selon l’Associated Press (AP) et Sports Business Daily (SBD), l’offre culminait aux alentours des 1.4 milliards de dollars.
Fox scinda sa proposition en 2, une première offre pour les J.O. 2014 et 2016 pour environ 1.5 milliards de dollars, l’autre pour 2014, 2016, 2018 et 2020 contre un chèque de 3.4 milliards de dollars selon AP et SBD.
NBC a sorti l’artillerie lourde : 4 Olympiades pour 4.38 milliards de dollars, avec la séparation suivante :
- J.O. d’hiver 2014 à Sochi : 775 millions de dollars
- J.O. d’été 2016 à Rio : 1.226 milliards de dollars
- J.O. d’hiver de 2018 : 963 millions de dollars
- J.O. d’été 2020 : 1.418 milliards de dollars
Le deal garantit des rentrées d’argent pour le CIO jusqu’en 2020, et pour le Comité National des US, qui récupère 12.75% du montant soit 558 millions de dollars.
What else did you expect?
Pour le CIO et Jacques Rogge, NBC a «l’Olympisme dans son ADN».
Le CIO, comme toute institution, s’est créée une zone de «confort». Avec la NBC, le CIO a réussi à grandir et prospérer sur le plan financier. Et, même si le CIO peut réussir à avoir la même relation avec d’autres médias, la grande différence est que NBC a été là durant les hauts et les bas, durant le scandale de Salt Lake, bref tout.
Les relations entre le CIO et la NBC sont extrêmement fortes, largement au-delà d’Ebersol
Mais soyons clair, le CIO n’a pas pipé les dés pour permettre à NBC de gagner. Enfin…
L’appel d’offres a été repoussée pour permettre à Comcast et NBC de finaliser leur fusion et donc dégager les ressources nécessaires pour l’acquisition des droits média. De plus, le CIO a insisté plusieurs fois que son choix se porterait en faveur d’offres portant sur les 4 Olympiades, juste après l’annonce de la perte de 223 millions de dollars de NBC sur les J.O. de Vancouver. Un deal sur 4 Olympiades permet donc au gagnant d’amortir les coûts et les potentielles pertes sur une plus longue période…
Donc quand on entend Brian Roberts dire que les droits média des J.O sont «stratégiquement important» et «d’une grande valeur pour nous» et que le groupe optera «pour une approche disciplinée leur permettant d’être profitable» on se dit que c’est un peu facile et que tout n’est pas forcément une question d’argent…
Ceci dit, Roberts n’a pas tort sur toute la ligne.
Le CIO cherche activement à créer une relation avec les plus jeunes. L’année dernière, le CIO a lancé les Jeux Olympiques de la Jeunesse à Singapour et a lancé sa page facebook.
Le contrat avec NBC comprend les droits TV mais aussi sur les tablettes, mobile et sur Internet, en gros sur toutes plateformes connues et futures selon Mark Lazarus, le patron de NBC Sports Group.
Pendant des années, la NBC était accusée de garder le meilleur pour lui et de ne le diffuser qu’en prime-time. Et qui dit diffusion unique en prime-time, dit source de revenu unique. Maintenant, avec la diffusion sur d’autres plateformes, la pression financière est moindre grâce aux nouvelles sources de revenu.
A partir de 2014, tous les événements seront disponibles live sur les plateformes, même si bien évidemment les meilleures épreuves seront gardées pour le prime-time car ce sont ces événements qui attirent les plus grosses audiences et forcément les plus gros revenus
Mais les J.O sont avant tout une histoire de story-telling, l’histoire de grands événements, de performances d’athlètes venus des 4 coins des monde. Ce sont ces histoires qui ont habité Dick Ebersol et ont fait de son métier une vraie passion. Une passion qu’il a réussi à transmettre aux équipes de NBC. Une passion qu’a reconnu Jacques Rogge quand il parlait de l’ADN de NBC.
«Nous avons été subjugué par la présentation», dixit Ricard Carrion, le responsable des négociations du CIO. «La passion qui les (l’équipe de NBC) habitait était vraiment impressionnante mais à la fois évidente pour nous tous. Ils savent ce que c’est car ils le font depuis des années. Nous étions persuadés qu’ils connaissaient tout cela par coeur, en commençant par nos valeurs. C’est une combinaison de tout cela»
«Et nous sommes heureux de renouveler»