Anais Caradeux, skieuse freestyle spécialisée en halfpipe, a accepté de répondre aux 7 questions de sportmarketing.fr.
Que recherches-tu chez un sponsor ?
Ce que je recherche chez un sponsor avant tout c’est une image et des valeurs communes. Aujourd’hui pour un athlète, avec la domination des réseaux sociaux, ses résultats sportifs lui permettent de donner une crédibilité à son image publique. Cette image permet de créer une communauté de followers qui, à son tour, définit notre valeur auprès des sponsors potentiels. Les internautes ne sont pas dupes, si une communication est mal gérée, ils se sentent utilisés et ta cote de popularité descend rapidement. C’est pour cela qu’une image et des valeurs communes sont indispensables pour un partenariat gagnant gagnant.
Peux-tu nous décrire la relation que tu as avec eux ?
Dans mon milieu, je travaille souvent avec des marques issues de la culture surf ou street. J’aime cette proximité et simplicité que j’entretiens avec eux. Mais on peut vite oublier que derrière, c’est une entreprise avec des objectifs de résultat et des investisseurs qui sont attentifs à la productivité de chaque action marketing. Ils se retrouvent souvent à faire des compromis entre nos idées folles et une réalité financière, c’est-à-dire ce dont je rêve en tant qu’athlète et ce dont mes partenaires ont besoin.
Gères-tu tes réseaux sociaux seule ?
Oui ! Mais je prends des conseils auprès de professionnels. C’est un peu plus compliqué et délicat que de gérer son compte personnel. Il faut trouver son propre style et être très rigoureux sur la régularité des posts. Avec tous les algorithmes en place, les hashtag, tags, reposts et posts programmables il est difficile de bien utiliser tous ces leviers de communication qui peuvent faire la différence. Je teste, fais des erreurs, ai des succès inexpliqués… C’est comme ça que j’apprends. Mais ce dont je suis sûre c’est que le meilleur des leviers c’est d’être vraie et rester soi-même !
Le halfpipe est enfin aux JO depuis Sochi, la discipline a-t-elle évolué ?
La discipline a beaucoup évolué depuis les 3 années pré-olympiques. Les mentalités aussi et pas forcément dans le bon sens. Beaucoup de jeunes n’ont pas connu les années sans teams nationaux à voyager entre potes. Aujourd’hui tu ne choisis pas tes coéquipiers et les liens entre athlètes de nationalités différentes sont moins forts qu’avant. Du côté du jugement, il y a encore beaucoup de progrès à faire. Les Jeux Olympiques et cette sphère médiatique, politique et économique nous a demandé, à nous athlètes, de nous professionnaliser. Mais l’évolution n’a pas été suivie à tous les niveaux sous prétexte d’une philosophie freestyle qui n’est plus aujourd’hui compatible avec le haut niveau en compétition même si elle reste indispensable à l’image de notre sport.
Que penses-tu de la médiatisation du sport féminin ? Des sports de glisse ?
Il y a beaucoup de progrès faits depuis quelques années. Avec des groupes de filles qui se réunissent pour promouvoir leur passion, filmer, s’entraîner ensemble car dans le sport on ne peut pas attendre, comme en politique, qu’on nous donne la parité. Notre société prône depuis 10 ans un retour à une vie plus saine, faire du sport est maintenant indispensable à notre image sociale. Les médias ont bien compris qu’il y avait une vraie demande du public et pas seulement du côté de la gente féminine ! Des magazines comme « sportives » 100% dédiés à la pratique du sport par et pour les femmes voient le jour. Le mouvement féministe qui réunit des femmes de différents horizons et classes sociales autour d’une même passion s’est aussi emparé du sujet avec, par exemple, #Trainlikeagirl, un slogan repris aujourd’hui par les marques de sport qui développent de plus en plus des produits adaptés. Même si leur communication va être axée grand public, par effet boule de neige cela permet à certains athlètes et sports de sortir un peu de l’ombre.
Pour ce qui est des sports de glisse en particulier, les esprits restent assez machos mais évoluent petit à petit. En surf, même si Alana Blanchard reste plus connue pour sa plastique que ses qualités d’athlètes, d’autres filles comme Justine Dupont en France ont une communication plus axée sur la performance (première femme à rider Belharra) et ça marche aussi, même si on reste loin du 1,6 millions de followers de l’Hawaïenne. En snowboard, nous ne pouvons pas mettre en avant cet atout physique, les évolutions se font donc plus lentement, mais chaque année nous grappillons quelques minutes d’audience surtout aux Etats-Unis, pays plus avancé sur le sujet.
Comment concilie-t-on performance, voyages pour les compétitions et projets avec les partenaires ?
Tout est très bien compartimenté, de septembre à novembre je suis en France pour ma préparation physique et la reprise du ski sur les glaciers. A cette époque je prends aussi le temps de préparer les projets avec mes partenaires, pour faire deux trois apparitions et shootings photos pour eux. De décembre à mi-mars je suis en compétition, là mon sport passe avant tous les engagements professionnels. Et toute la fin de saison de mi-mars à fin avril, je suis là pour les projets vidéo et médiatiques que l’on avait prévu en début d’hiver.
J’applique l’adage « fait ce qu’il te plait ! ». Dès juin et jusqu’à fin août, je suis de retour sur mes skis pour des camps d’entraînement entre les Deux Alpes, Whistler et la Nouvelle Zélande. Parmi ce programme, je m’organise des petits moments pour étudier mon master en communication digitale.
Peux-tu nous parler de ton actualité, tes projets à venir ?
Mon objectif est bien sûr les prochains Jeux Olympiques en 2018. En France comme nous ne sommes que deux en halfpipe avec Marie Martinod. Nous avons la chance d’être presque sûres de participer au JO sauf en cas d’une éventuelle blessure. J’ai perdu mes principaux partenaires à la suite des dernières olympiades et comme une année d’entraînement et de compétition coûte environ 50 000 euros, je suis à la recherche active de nouveaux partenaires avec lesquels je pourrais développer de nouveaux projets.
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