Travis Rice et Red Bull repoussent encore les frontières du film de freeride avec the Fourth Phase

Travis Rice - The Fourth Phase

Pour sa venue à Paris et la première de son 3e opus au Grand Rex, le très attendu The Fourth Phase, Travis Rice était accompagné de Victor Delerue et Mark Landvik.

thefourthphase_redbull

Si vous êtes un amateur de sports de glisse, vous n’avez pu manquer That’s It That’s All et le plus récent The Art Of Flight produit aussi par Red Bull Media House et Brain Farm, dans lesquels Travis Rice et sa bande nous montrent l’étendue de leur talent et pourquoi, il est à l’heure actuelle, considéré comme l’un des riders les plus complets qui soit.
Dans ce volet, le script est un peu différent parce que le souhait de départ était différent : le réalisateur Jon « JK » Klaczkiewicz et Travis ne voulaient pas d’une suite aux deux premiers films déjà sortis et une chose fascine Travis depuis longtemps c’est le cycle de l’eau.
Le résultat donne donc un film de 92 minutes tourné principalement sur la ceinture du Pacifique. Quelques séquences dans le Wyoming où l’aventure débute et quelques un des riders vivent, le Japon, le Kamtchatka et enfin l’Alaska.
Pas de tricot dans les figures, pas de slopestyle, pas de flat, uniquement de la « Big Mountain » ici, et en revanche beaucoup d’images sur la minutie et la rigueur mais aussi la patience que requiert la préparation d’un tel projet. Le spectateur va pouvoir se rendre compte que le freeride ce n’est pas juste se lancer dans une pente de poudreuse fraîche en ayant trouvé la ligne parfaite. Vous êtes en permanence tributaire des conditions météorologiques mais aussi du manteau neigeux, de votre état de santé et du matériel.
Trois des protagonistes du film vont nous en parler :

Victor Delerue, la french touch du film, nous a accordé quelques mots sur sa participation à ce projet. Il se souvient encore du coup de fil de Travis lui demandant de venir participer au projet et il est bien conscient du privilège de tourner avec des légendes ultra expérimentées telles que Jeremy Jones ou Bryan Iguchi sur des pentes qu’il affectionne particulièrement comme l’Alaska. Je lui demande si cela le pousse à prendre davantage de risques mais Victor est quelqu’un de réfléchi et posé et cela se voit dans son ride. Il me répond qu’à chaque sortie, que cela soit avec ses potes ou sa copine, il ressent une émulation qui l’incite à se surpasser alors que sur The Fourth Phase, il a pu profiter de l’expérience et conseils de riders qui ont 10/15 ans de plus que lui et qui connaissent le terrain. C’est un échange.
La présence des caméras ajoute une certaine pression mais il ne tentera rien d’inconsidéré ou dangereux uniquement parce que c’est la plus grosse production de l’année.

Red Bull The Fourth Phase
Il a pu poser sa board sur les sommets à 70°qui nous ont tous fait frissonner dans les 2 vidéos précédentes.
Sa prochaine vidéo s’appelle Insight avec Transworld Snowboarding et voici le trailer :

Tout comme Mikkel Bang ou Ben Ferguson, il apporte cette touche de fraîcheur et d’improvisation dans les lignes et l’on devine facilement qu’il a pris son pied lors du tournage. La tournée promo de The Fourth Phase lui permet de remplir son passeport de tampons de pays et surtout de rencontrer d’autres riders pour discuter de projets futurs mais il se cogne quand même un sacré jetlag.

C’est au tour de Mark Landvik de nous rejoindre. Mark, aka Lando, et Travis Rice sont un peu comme un vieux couple : ils ont tourné ensemble sur les 3 vidéos, ils s’entendent à merveille et bossent sur les projets ensemble, et c’est un peu le bout-en-train du groupe. D’après Mark, ce film n’a absolument rien à voir avec les précédents, il est définitivement plus orienté big mountain et sur la préparation et les difficultés auxquelles se heurte le rider lors de la préparation d’un trip. Pour  The Art Of Flight, le but de Red Bull était de toucher une audience plus large que celle du snowboard en général et le résultat fut bien au-delà de leurs espérances. Mark me confie qu’il commence tout juste à réaliser l’impact généré par les deux premières réalisations mais pour lui, avant toutes choses, le but recherché, lorsqu’il fait du snowboard est de faire des choses que personne n’a jamais fait avant et il commençait à être un peu lassé des formats standards avec les films de snowboard avec les séquences de chaque rider. Etant donné les moyens qui ont été mis à disposition par les sponsors et tous les nouveaux « jouets » comme les caméras, les drones et les hélicoptères, il pense que sur ce dernier opus, une nouvelle étape a été franchie.

Mark Landvik Red Bull

C’est enfin au tour de Travis Rice de prendre place afin de nous parler de son film. Je lui demande de nous en dire plus sur son nouveau projet et en quoi il se différencie des autres. Pour lui, il était essentiel de ne pas faire un « That’s It, That’s All 2 » ou un « The Art Of Flight 2 ». Cette fois, on raconte une histoire et on suit le cycle de l’eau, on s’inspire aussi d’une des lignes d’un poème qu’a écrit Bryan Iguchi : « Ce cours que nous suivons, Le cycle que nous chevauchons » (« This process we follow, The cycle we ride »), qui se retrouve aussi dans son logo des 3 gouttes d’eau. Il souhaite montrer que tout est lié, le biorythme de la planète et nous ne faisons qu’un.
Je lui demande comment il sélectionne les riders qui participent à ses projets à chaque fois. Il me répond qu’en fait ce sont eux qui se sélectionnent eux-mêmes : par exemple lorsqu’il a appelé ou envoyé les emails aux gars, il le fait en tout humilité et surtout par rapport à ce qu’ils peuvent apporter et leur expérience ou leur manière de rider. Et lorsqu’il a vu Victor Delerue, le choix s’imposait de lui-même, si l’on regarde son style, son expérience de la haute montagne et de l’Alaska déjà et ce qu’il fait en backcountry-freestyle, les gars aussi complets que lui, on peut les compter sur les doigts d’une main. Ce n’est pas juste un trip pour aller tracer des lignes, c’est aussi taper des kickers ou des lips si on en trouve, planter des handplants sur des faces et si la neige est mauvaise, aller se faire une petite session de jib. Victor était le mec idéal pour le job parce que la beauté et la qualité de son snowboard réunissent tous ces aspects.

Travis Rice - The Fourth Phase

Une question me taraude depuis longtemps et je profite de l’occasion pour demander à Travis si ses films sont des « saucisses-party », sous-entendu pourquoi il n’y a pas de femmes dans ses films : il prend son air le plus sérieux du monde et me répond « c’est ça : c’est des p#@!ù¤ de saucisses-party, mec !! ». Eclat de rire de ma part, je lui demande s’il a déjà pensé à faire participer des filles sur ses projets. Il me dit que cela a été tenté mais ça n’a pas fonctionné. Malgré tout il souligne l’implication de nombreuses femmes dans le projet et qu’il les remercie, dont Rose Corr son éditrice chez Red Bull Media House mais aussi Circe Wallace (ancienne rideuse et skateuse pro), son agent, et que sans elles, rien de tout ceci n’aurait pu voir le jour.
Il souligne aussi qu’il est partenaire du film de snowboard 100% féminin Full Moon dont la première a eu lieu il y a 3 jours (le 16 septembre) à Whistler au Canada. Il ne l’a pas encore vu mais a hâte de voir le résultat. Je lui fais remarquer que là encore, il ne sera question que de filles et qu’il n’y aura pas confusion des genres, il me répond qu’en effet, il tient à garder un certain cloisonnement des choses… mais m’avoue qu’il espère travailler sur un projet avec des filles dans le futur.

Je lui demande quel genre de matériel de sécurité porte t-il dans ses films et lorsqu’il ride tous les jours. Il travaille dessus tous les jours et porte et teste probablement tous les types d’équipements de sécurité qui doivent se faire: sacs ABS, casques, pelles, sondes, tous les équipements que le rider de back-country se doit avoir. En Alaska, ils ont dû utiliser des harnais et piolets. Le principal en matière de sécurité lors de ce genre de trip est d’avoir conscience de la pyramide des risques de Heinrich ou pyramide de Bird : sécurité en premier, avant tout et en toutes circonstances ; mais en début de chaque saison, tout le groupe passe quelques jours ensemble et élabore des scénarios de sauvetage avec recherches des victimes en avalanche, pour rester prêts au cas où.

Je demande à Travis ce qu’il pense du fait qu’il y ait de plus en plus de « sports extrêmes » aux Jeux Olympiques (NDLR : le CIO a voté à l’unanimité, l’ajout de 5 nouveaux sports au programme des Jeux Olympiques de Tokyo 2020 dont le surf et le skateboard.). Pour lui, il est assez évident que si l’on prend l’exemple du snowboard, il ne voit pas ce que les J.O. ont fait pour le snowboard mais le snowboard a fait énormément pour les J.O., en bref, le snowboard n’a pas besoin des J.O. mais l’inverse est vrai et avec l’arrivée du surf et du skateboard aux J.O. c’est la même chose : le skate et le surf n’ont pas besoin des J.O. mais les J.O. ont un vrai besoin d’eux car c’est une grosse corporation avec le CIO et qui a besoin de rajeunir son image et son public pour vendre sa publicité. Ils font des tas de choses géniales pour plein de sports mais il ne pense pas que cela profite aux nouveaux sports comme les boardsports.

thefourthphase_redbull_itw_vincenttasteyre_2

Dernière question pour moi avec Travis avant la projection et je lui demande donc quelles sont ses attentes pour lui et pour ses sponsors lors de la réalisation d’un tel projet.

Il m’explique que c’est un réel investissement pour ses partenaires car contrairement à ce que l’on pourrait croire, ils ne font pas qu’encaisser les retombées. Lorsque Travis va les voir avec les prémices du projet, ils misent gros sur lui et lui permettent de disparaître pendant 3 ans avec les risques que cela comporte et acceptent de financer une équipe de riders et de tournage au complet durant cette période. Ils lui ont permis de se concentrer à temps plein sur ce projet et maintenant que le film sort, il espère que le résultat sera à la hauteur pour lui, son équipe mais aussi ses partenaires car ils ont été d’un incroyable soutien en plus des collaborations développées pour l’élaboration des produits.

Clairement, je vous accorde que The Fourth Phase n’est pas le film qui montre les tricks les plus incroyables jamais vus, en revanche, il vous scotchera à vos écrans, par le grain et la définition des prises de vue, la beauté des images ou encore le casting incroyable. Ainsi que des riders qui se font déposer sur des pics larges comme des tabourets de bars ou encore qui restent accrochés sur la paroi pendant que l’hélicoptère repart en équilibre sur un patin, et le tout sans effets spéciaux, des pentes à 70° et de la haute montagne comme vous n’en voyez que rarement. Ce film est sans doute le plus réaliste qui ait été tourné sur la préparation et les conditions réelles d’une équipe en milieu hostile lors d’un voyage. Sur les délais d’attente entre 2 créneaux de météo favorables. Vous découvrirez aussi, outre les talents de rider de Travis que vous aviez déjà pu admirer sur les deux précédents films, un autre trait de caractère que l’on soupçonnait moins : c’est sa rigueur et sa détermination. L’obstination dont il fait preuve dans sa quête des sommets qu’il veut atteindre, sa patience dans l’attente des conditions optimales pour tracer ses lignes et obtenir de belles images, sachant que cela implique aussi les risques d’avalanches les plus bas possibles.

On avait déjà vu le rider ultra complet mais plus que cela, ce type est un perfectionniste et une machine de méticulosité pour qui, renoncer n’est pas une option.

Il vous donne rendez-vous le 2 octobre sur Red Bull TV à 21h pour la diffusion mondiale du résultat :

http://www.redbull.tv/film/AP-1KERTKXH92111/the-fourth-phase