Venturi était là depuis le premier jour. Monaco terre de sports mécaniques et Venturi spécialiste du véhicule électrique… avec un tel cocktail le constructeur monégasque se devait d’être présent en Formule E. Stéphane Sarrazin et Maro Engel représenteront Venturi durant les 12 manches de cette saison 3 qui s’annonce aussi passionnante qu’incertaine. Entre un spectaculaire record de vitesse de 549.43 km/h réalisé par son bolide VBB-3 et son écurie de Formule E qui démarre la saison 3 du championnat 100% électrique de la FIA à Hong-Kong (le 9 octobre), l’actualité de Venturi est dense. C’est dans ce contexte que Thierry Apparu, directeur de la communication de Venturi Automobiles a accepté de répondre aux « 7 questions à » de Sportsmarketing.fr
Bruno Cammalleri : Un mot tout d’abord sur le record de vitesse de 549.43 km/h pour la Venturi VBB-3 qui devient le véhicule électrique le plus puissant et rapide au monde…
Thierry Apparu : Nous sommes très contents d’avoir battu ce record de vitesse, d’autant plus que nous sommes en quête de ce record depuis 2013. De mauvaises conditions climatiques sur le lac salé de Bonneville nous ont empêchés de le battre avant. La voiture avec sa puissance de 3000 chevaux sous le capot était pourtant prête. Il faut dire que c’est une très belle récompense pour tout l’ensemble du Team Venturi et notamment les étudiants, puisque la construction du véhicule repose sur un partenariat entre Venturi et le département « car » de l’Ohio State University. A la base l’idée de Gildo Pastor était de se demander comment séduire le public au véhicule électrique : construire des voitures au look attractif, via les performances et les records (nous avons aussi un record avec la pile à combustible), et en éduquant les gens. Donc quoi de mieux que former les gens pour ça, avec donc des étudiants qui ont fabriqué la voiture.
Bruno Cammalleri : Quel bilan faîtes-vous après deux saisons en Formule E et quel objectif pour cette saison 3 ?
Thierry Apparu : Le bilan est plutôt positif ! On a bâti un team sportif de toutes pièces, ce qui est loin d’être simple car il faut acquérir des processus difficiles à exécuter. La course automobile c’est beaucoup de joie, mais aussi beaucoup de stress et de pression. Dès la saison 2 de Formule E nous avons été retenu par la FIA comme constructeur et on a même vendu notre moteur à Dragon Racing. Les promoteurs de la Formule E ont voulu nous avoir parmi les écuries participantes dès la première saison. Venturi fait des véhicules électriques depuis 2000, et on a mis tout ce savoir-faire dans la Formule E. En termes de résultats sportifs la saison 1 fut une saison d’apprentissage, en sachant que l’on aurait pu avoir la victoire à Pékin lors de la course inaugurale. Le bilan de la saison 2 est positif, avec un podium (2nde place à Long beach) et des points inscrits à chaque course par Stéphane Sarrazin. Cela démontre notre régularité et la fiabilité de nos solutions techniques. On espère donc beaucoup pour la saison 3, tout en ayant à l’esprit que nous sommes en situation d’outsider, notre position serait plutôt vers la 5ème place constructeur. Mais n’oublions pas qu’il y a énormément de rebondissements durant les E-Prix, surtout en fin de course avec la consommation d’énergie au niveau des batteries…
Bruno Cammalleri : Pouvez-vous nous parler des relations avec vos partenaires ?
Thierry Apparu : Les relations avec nos partenaires sont très bonnes. Nous sommes d’ailleurs très heureux de les avoir avec nous. Ils nous apportent leur savoir-faire, d’autant plus que l’on doit travailler sur le développement de la voiture pour les futures saisons. Il faut donc être très en avance. En fait on a besoin de solides partenaires pour réfléchir à l’avenir de nos monoplaces. Il est donc très important de murir un projet avec les partenaires du Team.
Bruno Cammalleri : Au niveau des perspectives, comment voyez-vous Venturi et la Formule E à moyen terme ?
Thierry Apparu : On voit très bien les perspectives car on fait la démonstration que les technologies évoluent très vite, notamment l’autonomie importante dans les voitures de course qui doit ensuite être exportée dans la voiture de Monsieur tout le monde. On travaille beaucoup pour faire progresser ces technologies. Je trouve que cela est très excitant de travailler sur un exercice qui permet le développement de technologies à travers le développement sportif.
Bruno Cammalleri : En tant que constructeur, quelle est votre stratégie et que vous permet votre présence dans le championnat de Formule E ?
Thierry Apparu : Nous devons garder à l’esprit que nous sommes un constructeur de petite taille, avec beaucoup d’idées et qui développe des chaînes de traction performantes. Notre cœur de métier c’est ce qu’il y a dans la voiture. Quand on développe un engin comme Antarctica (véhicule électrique polaire) ou la VBB-3, on passe de l’un à l’autre par séquences, en développant différentes chaînes de traction, pour proposer à la vente ce savoir-faire. La Formule E s’inscrit très clairement dans cette démarche.
Bruno Cammalleri : Quelle stratégie de communication pour Venturi ?
Thierry Apparu : La stratégie de communication de Venturi repose en particulier sur une idée : nous sommes à la conquête du public pour montrer la pertinence de la voiture électrique. On veut montrer que le véhicule électrique est pertinent aujourd’hui. Il y a encore un frein psychologique à lever. On essaie de faire cela à travers la communication et à travers nos actions. Expliquer, expliquer et encore expliquer !
Bruno Cammalleri : Pourquoi choisir Maro Engel comme co-équipier de Stéphane Sarrazin ?
Thierry Apparu : Chaque année un certain nombre de pilotes sont observés. Il se trouve que les circonstances ont fait que Maro Engel a participé aux phases de développement de la voiture. Il a fait du bon travail, cela s’est bien passé, donc il pouvait nous rejoindre.