Teddy Riner a tout gagné ! Nous avons voulu en savoir plus sur ce champion et nous avons eu la chance de le rencontrer au cœur de la Tour Eiffel grâce à l’un de ses partenaires, Powerade, qui a rendu hommage au monument du judo français en lui remettant un trophée d’honneur.
Teddy Riner – interview
Tu as de nombreux partenaires, que recherches-tu chez un sponsor ?
De nombreux partenaires, oui et non, je connais beaucoup de sportifs qui en ont bien plus. Ce que je cherche avant tout c’est d’avoir des partenaires dont je me sens proche, des produits ou des choses que j’utilise au quotidien, comme ça il n’y a pas besoin de se forcer ! Je cherche des partenaires qui ont évolué et grandi avec moi, dont je suis familier ou qui ne sont pas très éloignés de mes activités ou de ce que je suis ou de ma famille.
Peux-tu nous parler de la relation que tu as avec eux et notamment Powerade ?
Avec chacun de mes partenaires, je suis assez proche de la direction et des différents services, parfois je vais dans certaines sociétés simplement pour faire un coucou. J’aime bien dire partenaire et pas sponsor parce qu’on construit quelque chose ensemble, je suis concerné par les résultats de l’entreprise et je propose aussi mes conseils, on m’écoute et on réfléchit tous ensemble, c’est ça qui est important pour moi. Avec Powerade, on réfléchit au sujet des moyens de communication, on a pris beaucoup de plaisir quand on a réalisé les spots qu’on a fait, me faire entrer dans un cadre différent et décalé, en tant que football, skieur, rugbyman, etc. Ce sont des choses qui me parlent et qui me plaisent parce que j’ai découvert des côtés de la publicité que je ne connaissais pas, il faut entrer dans un rôle, jouer la comédie. Il y a des choses que mes partenaires me font découvrir avec lesquelles je prends du plaisir. Si je n’aime pas un projet, ça ne m’intéresse pas, le but est de passer des bons moments et que le partenaire ait un retour qui le satisfait vraiment.
Gères-tu tes réseaux sociaux seul ? Comment t’en sers-tu ?
Quand je suis sur le tapis, je passe le relai à mon frère ou ma collaboratrice, la personne qui est apte à prendre la relève. Tout le reste, c’est moi ! Je n’ai pas de community manager, il faut rester authentique et que ce soit le sportif lui-même qui gère, c’est important.
Que penses-tu de la médiatisation du sport en général et du sport féminin en France ?
Chaque sport a son histoire à raconter et pour connaitre les athlètes, on endure tous la même difficulté à aller chercher des médailles. Ce n’est pas juste que certains sports aient du mal à se faire une place dans le monde médiatique. Je suis pour que tous les sports soient à armes égales à la télévision, il n’y a pas de « petit » sport dès l’instant où il y a un enjeu dans la compétition. C’est pour ça que je travaille avec les partenaires, je fais beaucoup de presse parce que j’aimerais un jour voir mon sport aussi médiatisé que le football, le basket ou la Formule 1. Concernant le sport féminin, je trouve que c’est en train de prendre une place décisive à la télévision, il y a eu beaucoup de travail accompli. Personnellement, je suis fan. Je suis un amoureux du sport et des choses normales sont en train de prendre leur place. Dans le judo, une fille ou un garçon, c’est la même chose, c’est autant médiatisé mais dans les sports où il y a beaucoup d’argent, c’est plus difficile. Quand je zappe et que je tombe sur l’équipe de France de football féminin, je regarde car d’une, elles me mettent à l’amende (rires) et de deux, je trouve exceptionnel de voir des filles aussi fortes que des garçons.
Peux-tu nous parler de ton implication dans le projet Paris 2024 ?
En tant que co-Président de la Commission des Athlètes Paris 2024, j’ai un rôle important, nous faisons beaucoup de réunions et je m’engage vraiment à leurs côtés. Pendant les Jeux, j’ai eu un rôle important, j’ai dû faire un discours devant 250 médias à l’occasion de la conférence de presse de Paris 2024, j’avais une certaine pression car ce discours, j’ai dû le faire à côté du Président de la République ! Ce sont des choses nouvelles pour moi de parler d’un dossier comme celui-là et il me tient à cœur. Là où c’est difficile, c’est que je n’ai jamais fait de discours car j’aime parler avec mon cœur, exprimer ce que je ressens mais Paris 2024 c’est autre chose, je peux parler avec mon cœur mais la formulation est aussi importante suivant les cibles. Il ne faut rien lâcher jusqu’en septembre 2017 pour le résultat à Lima car j’aimerais vivre ces Jeux à Paris. Les Jeux ce n’est pas que le sport, c’est également une fête, ceux qui n’aiment pas forcément le sport se laissent tenter, c’est tout un pays et le monde entier qui est focalisé devant sa télé pour voir cet événement universel.
Quand on a tout gagné, comment se motive-t-on pour continuer ?
Je me suis posé la question : est-ce que je continue après Rio ? Cette réflexion n’a pas duré longtemps ! Oui je continue car j’ai encore envie de faire du judo et d’aller chercher du challenge dans ma vie, c’est l’envie de créer, tester, sentir, de s’exprimer dans son sport, c’est ça qui me fait continuer. 2020, je pense que ce sera la fin, il y a cette histoire à raconter : Tokyo 2020, pourquoi pas moi, pourquoi pas terminer là bas. Il y a aussi le facteur curiosité du résultat et de voir mes limites.
Quels sont tes objectifs à venir ? Penses-tu à ta reconversion ?
Très tôt j’ai pensé à ma reconversion avec le père que j’ai et qui a géré pendant longtemps ma carrière, il m’a répété « pense à ton avenir ». Je suis déjà un patron d’entreprise juste par le fait de mener ma carrière mais à côté j’ai commencé à investir dans différentes sociétés. J’aime le côté entrepreneuriat et c’est très important pour moi de le faire en France, que le « made in France » soit exploité à l’étranger parce que j’y crois, nous avons un beau patrimoine. Quand je vois toutes les entreprises françaises qu’on ne connait pas forcément et qui sont leaders mondiales dans leur domaine, moi ça me booste. Le monde de l’entreprise et le monde du sport sont exactement pareils. On part d’un projet, d’une idée et on veut la monter le plus haut possible et pour cela, ce sont des remises en question, un plan, un chemin semé d’embuches mais c’est à chaque fois en se relevant qu’on avance.
crédit photos Teddy Riner : P.Millereau/KMSP