De nouvelles têtes, de nouvelles destinations, de nouvelles règles, de nouveaux partenariats… Pleine de promesses, la saison 4 de Formule E s’annonce résolument spectaculaire. La compétition 100% électrique de la FIA enrichit ses perspectives d’avenir sur la piste comme en dehors des circuits. Cette 4ème saison s’ouvre les 2 et 3 décembre 2017 par le double header de Hong-Kong et se refermera par une autre double manche, à Montréal les 28 et 29 juillet 2018.
5 nouveaux pilotes
Un quart du plateau est donc renouvelé pour cette saison 4. Outre « l’effet de nouveauté », les récents mouvements des constructeurs de championnats comme le WEC ou le DTM vers la Formule E peut être vu comme la principale explication de ce mercato qui fait la part belle aux pilotes expérimentés.
3 fois victorieux au Mans, fort de son expérience du WEC avec Audi puis Porsche où il a pu tester les systèmes hybrides de récupération d’énergie, l’allemand André Lotterer rejoint la prometteuse écurie chinoise Techeetah. Champion du Monde d’Endurance en 2012, Lotterer possède également une expérience en monoplace après avoir couru en Super Formula mais aussi en Formule 1 et son passage remarqué chez Caterham lors du Grand Prix de Belgique 2014.
Un autre pilote du programme LMP1 de Porsche rejoint la Formule E cette saison : il s’agit de Neel Jani qui remplace Loïc Duval chez Dragon Racing. Le suisse, ancien de l’A1 GP et du GP2, a lui aussi gagné Le Mans en 2016 avec un titre mondial en Endurance cette même année. On l’aura bien compris, Porsche prépare tranquillement mais surement son arrivée en Formule E…
Même stratégie pour Mercedes qui, comme Porsche, « prépare le terrain » en vue de la saison 6. En effet, le pilote Mercedes de DTM Edoardo Mortara rejoint Maro Engel (lui aussi dans le giron Mercedes) au sein du team Venturi. L’italien possède de solides références comme son titre de vice-champion DTM en 2016, un titre de Formule 3 Euro Series en 2010 ainsi que plusieurs victoires à Macao. La grille de Formule E comptera cette saison un autre italien avec Luca Filippi qui rejoint l’écurie NIO. Des arrivées à mettre en parallèle avec l’entrée de l’e-Prix de Rome dans ce nouveau calendrier.
La grille de départ 2017/2018 accueillera aussi un ancien pensionnaire de la F1 avec le japonais Kamui Kobayashi. Du haut de son expérience acquise à bord de monoplaces ou de prototypes LMP1 hybrides, l’ancien pilote Toyota, Sauber et Caterham évoluera au sein du team MS&AD Andretti pour épauler Antonio Felix Da Costa lors des deux courses à Hong-Kong. Il s’agit du premier changement dans l’effectif du team depuis l’annonce du recrutement de Tom Blomqvist.
Le plateau de la Formule E est donc de plus en plus relevé, la concurrence se fait de plus en plus féroce. Coté favoris, les deux précédents champions Sebastien Buemi et Lucas Di Grassi restent les deux grands favoris pour le titre. Leur rivalité continue, et ils seront à coup sur au rendez-vous de la saison 4, avec des outsiders qui se font de plus en plus menaçant comme le français Jean-Eric Vergne, l’anglais Sam Bird ou le suédois Felix Rosenqvist. Autre transfert d’importance, celui de Nelson Piquet Jr qui passe de NIO à Jaguar. Enfin le britannique Alex Lynn, vu lors du double header de New York en juillet 2017, remplacera José Maria Lopez chez DS Virgin.
Chili, Brésil, Italie et Suisse au menu
14 courses seront au menu de ce nouveau cru de la Formule E, dont 3 double headers à Hong Kong, New-York et Montreal. Le calendrier de la saison 4 confirme l’ancrage de certains rendez-vous qui peuvent s’apparenter à « des produits d’appel » comme Paris, New York ou Montréal.
« Paris et New York sont les deux villes que nous avons cherchées dès le départ, les autres sont venues. Beaucoup de villes viennent mais nous choisissons celles dont nous pensons qu’elles collent bien avec notre plan global de grandes villes. Pourquoi les autres villes veulent être en Formule E ? Parce qu’il y a Paris et New York, et Hong Kong. Ils veulent être sur cette liste. Avoir des courses comme Paris et New York, c’est ce qui fait avancer tout le reste » précise le CEO de la Formula E Alejandro Agag.
De nouvelles destinations seront de la partie cette année, avec de nouvelles audiences potentielles à la clé : la Formule E fera escale à Santiago le 3 février 2018, puis dans les rues de Sao Paulo le 17 mars 2018 pour ce qui sera la course à domicile du champion en titre Lucas Di Grassi ainsi que du champion de la saison 1 Nelson Piquet Jr. Le tracé de Rome (14 avril 2018) s’annonce déjà comme excitant et sera avec ses 2.8 km le 2ème plus long tracé derrière celui du Maroc : 21 virages, la ligne de départ/arrivée sera sur la Via Cristoforo Colombo, l’une des plus grosses artères de Rome, puis les monoplaces feront le tour de l’Obelisco di Marconi, avec l’emblématique Colosseo en toile de fond. Le 10 juin à Zurich sera, pour la Suisse, la première course sur circuit depuis 1955 et l’interdiction des courses automobiles suite au terrible accident survenu aux 24 Heures du Mans. Cette loi helvétique a cependant été amendée en 2015 pour autoriser des épreuves électriques. Les deux pilotes suisses Buemi et Jani seront particulièrement sous le feu des projecteurs le 10 juin prochain lors de cette course suisse où le soutien de deux sponsors helvétiques de poids de la Formule E est à souligner, à savoir la banque Julius Bar et l’horloger Tag Heuer.
Le calendrier se renforce, se mondialise, et a clairement réussi son pari d’attirer de grandes métropoles iconiques. Dans une optique de long terme, notamment pour garantir des points de repères, le challenge du management de la Formule E est désormais de stabiliser ces destinations et de réduire le turn over des villes.
Une diffusion élargie pour augmenter la force de frappe de la Formule E
Dans cette logique d’extension du calendrier et de conquête de nouveaux fans, la Formule E élargit sa diffusion. Le partenariat de trois années signé avec Eurosport concerne 54 pays européens. Eurosport devient alors le détenteur exclusif pour trois ans des droits de la Formule E en Europe. Aller bien au-delà des fans classiques de sport automobile, tel est l’objectif d’Alejandro Agag qui pense que « C’est justement maintenant qu’il faut pousser pour aller vers le grand public et avoir cette base de fans. Si nous arrivons à avoir cette base de fans jeune, c’est encore plus intéressant car c’est un public très difficile à toucher pour les marques ».
En France, la Formule Electrique sera diffusé conjointement par Eurosport et Canal. En effet, une sous-licence a été signée avec le groupe Canal+ pour la retransmission de 6 courses en clair par saison sur les chaînes gratuites du groupe (C8 et C Star), et des huit autres sur Canal+ Sport.
Le règlement évolue aussi : puissance, double header et meilleur tour en course
En attendant la révolution annoncée pour la saison 5 avec une seule voiture par pilote capable de tenir toute la distance d’une course, le règlement est ajusté sur différents points. Concernant la puissance des batteries, en configuration « course » la puissance maximale sera de 180 kW, soit 10 de plus que lors de la Saison 3. Soit la garantie de courses plus longues et plus rapides. La puissance des batteries pourra aussi atteindre 200 kW en qualifications. Sur le format, la Formule E évolue également : il faudra noter la suppression des séances libres du deuxième jour lors d’un double-header. Autrement dit, les pilotes attaqueront directement le menu du dimanche par la séance de qualifications à Hong-Kong, New-York et Montréal. Il faudra désormais figurer parmi les dix premiers pour obtenir le point du meilleur tour en course. Sinon, il est remis au pilote qui aura réalisé le chrono de référence au sein du Top 10.
Des perspectives électriques…
La Formule E existe et fait parler d’elle. La première étape semble désormais franchie haut la main. Il faut maintenant aller conquérir le grand public, ce qui est loin d’être une sinécure en sachant que même un championnat comme la F1 dont on connaît l’assise et le standing a entamé une réflexion sur son avenir. Plusieurs indices laissent à penser que les feux sont au vert pour la discipline tout-électrique de la FIA. La discipline prouve qu’elle n’est pas un effet de mode via l’annonce de « prises de poids » significatives comme l’engagement de Porsche et Mercedes pour la saison 6 ou Nissan pour la saison 5 (en remplacement de Renault). Le contexte semble donc favorable à la Formule E avec la tendance émergente d’électrification du marché automobile. La création d’une course support à partir de la saison 5, le Jaguar I-Pace eTrophy, va également dans ce sens.
La discipline se structure et se renforce à l’image du partenariat avec Hugo Boss. Un acte fort en symbole étant donné que la marque de prêt à porter haut de gamme tourne le dos à la F1 pour devenir partenaire du championnat électrique. Image moderne, courses urbaines faisant la part belle au spectacle et à l’innovation, la Formula E séduit aussi de très grandes marques à l’image de Julius Bar, Michelin, Tag Heuer, BMW i, Visa, GH Mumm ou encore Allianz.