Double médaillé d’or en escrime lors des JO de Sydney et d’Athènes, Brice Guyart est aujourd’hui directeur projets Paris 2024 et grands événements sport pour SNCF. Sportsmarketing.fr a rencontré le double champion olympique de fleuret lors de la Fête du sport (21 et 22 septembre 2018) pour évoquer notamment le dispositif Athlètes SNCF.
Bruno Cammalleri : Quel est votre rôle aujourd’hui au sein de SNCF ?
Brice Guyart : Je suis un ancien athlète SNCF, double champion olympique en escrime, au fleuret. Aujourd’hui chez SNCF j’ai en charge de piloter le projet Paris 2024, et faire en sorte que tout le groupe soit bien mobilisé autour de ces grands événements, et notamment tout ce qui tourne autour de la mobilité.
La Fête du sport est une superbe opportunité pour SNCF de valoriser tout ce que nous faisons dans le sport depuis plusieurs années. Nous sommes toujours au rendez-vous des grands événements sportifs en France, surtout dès qu’il y a des enjeux forts de mobilité sur le territoire, à la fois pour les équipes mais aussi pour les spectateurs. J’ai en tête la Coupe du monde de rugby en 2007 où nous étions présents, tout comme à l’Euro 2016. Nous sommes actuellement partenaires de la Coupe du monde féminine de la FIFA qui se déroulera en France en 2019.
SNCF est engagé dans le sport à travers son soutien aux athlètes de haut niveau. Aujourd’hui il y a 28 athlètes SNCF, sportifs de haut niveau, femmes et hommes, sports d’été et sports d’hiver, qui travaillent dans l’entreprise avec un emploi du temps aménagé à hauteur de 30 à 50% du temps consacré à l’entreprise et le reste pour continuer leur carrière de haut niveau et aller chercher des médailles. Cela fonctionne très bien puisque lors des JO de Rio en 2016 il y avait 12 athlètes présents avec 5 médailles remportées. On cherche désormais à les accompagner sur les prochains JO, Tokyo 2020, Pékin 2022 et bien sur la ligne de mire sur Paris 2024.
Bruno Cammalleri : Comment concilier vie professionnelle et sport de haut niveau au sein du dispositif Athlètes SNCF ?
Brice Guyart : Pour accueillir un sportif de haut niveau la règle c’est d’avoir un dispositif personnalisé en fonction de l’athlète et de son sport parce qu’il y a des saisonnalités différentes en fonction du sport pratiqué. Les sports d’hiver vont se dérouler à fond de septembre jusqu’à mars/avril, et ils vont plutôt travailler sur les périodes estivales. Par conséquent, chaque emploi du temps est aménagé. D’ailleurs, il peut y avoir des sportifs qui travaillent chaque semaine, par exemple un ou deux jours par semaine, ou tous les jours uniquement le matin. On s’organise en fonction des besoins de chacun avec l’idée que chaque athlète puisse continuer à être performant, apprendre dans son métier et se développer d’un point de vue professionnel.
Bruno Cammalleri : Au-delà de l’aspect pratique et organisationnel du dispositif, quelles sont les valeurs qui ressortent le plus ?
Brice Guyart : Pour SNCF, il y a une vraie prise de conscience qu’en intégrant des sportifs dans les équipes il en ressort un bénéfice fort. En effet, un sportif de haut niveau incarne certaines valeurs, un dépassement de soi, beaucoup de collectif… Le sportif a besoin des autres à l’entraînement et d’adversaires en confrontation pour progresser, et vice-versa. C’est avant tout un esprit d’équipe, une forme de transparence et d’honnêteté qu’ont les sportifs car on ne triche pas quand on fait du sport. Ces valeurs sont très importantes pour l’entreprise et les équipes. Il faut aussi rappeler que 80% des athlètes restent dans l’entreprise une fois leur carrière terminée. Voilà une vraie et belle réussite car cela signifie qu’on leur a mis le pied à l’étrier et qu’on leur a fait aimer les métiers de groupe SNCF. On a la chance au sein du groupe d’avoir tellement de métiers, tellement de filiales et d’activités que chacun peut y trouver son compte.
Bruno Cammalleri : La notion d’accompagnement semble être primordiale dans le dispositif…
Brice Guyart : On cherche depuis 1982 à être le numéro 1 des employeurs de sportifs de haut niveau, et nous le sommes ! Il y a aussi du turn-over, ce qui est normal avec des athlètes qui arrêtent leur carrière ou avec les blessures. Mais même dans ce cas de figure, lors d’une blessure, on continue de les accompagner. L’entreprise est là pour les soutenir. C’est d’ailleurs un réel plus pour les athlètes d’être identifié dans un dispositif : quand ils se retrouvent dans une grande compétition comme les JO, il y a un esprit, une famille, une « team » en plus de l’Equipe de France. Il y a ce truc en plus qui resserre les liens et qui fait que chacun s’encourage et suit les compétitions des autres. Lors des Jeux Olympiques d’hiver de PyeongChang, je me suis moi même levé à 4h du matin pour suivre les finales de Sylvain Dufour en snowboard !