Le Trophée Andros fait sa révolution ! Les « F1 de la glace » deviennent 100% électriques pour la 31ème édition d’un événement qui a su mêler au fil du temps compétition et convivialité. Max Mamers, créateur et organisateur du Trophée Andros, revient pour sportsmarketing.fr sur ce virage électrique déjà entamé depuis dix ans.
Bruno Cammalleri : Comment avez-vous conduit ce virage vers le tout électrique ?
Max Mamers : le virage à l’électrique a déjà été pris depuis dix ans. Pour pouvoir faire une série 100% électrique de façon professionnelle, en emmenant des marques qui pourront communiquer dessus, cela n’est pas venu du jour au lendemain. Cela fait dix ans que nous avons investi en ce sens, mais aussi avec les Andros Car qui ont deux roues motrices. Nous avons atteint une maîtrise technologique suffisamment satisfaisante du coté de l’électrique avec l’Andros Sport lancée en 2018, qui elle est une quatre roues motrices. L’Andros Sport a entre 350 et 400 ch, elle peut aller jusqu’à 500 mais cela n’aurait aucun intérêt sur la glace. Nous en avions trois l’année dernière, pilotées par Nicolas Prost (ci dessus), Aurélien Panis et Franck Lagorce (cf photo titre). Les voitures électriques ont d’ailleurs particulièrement bien performées face aux thermiques lors du meeting du Stade de France (ndlr : 9 février 2019).
Le Trophée Andros devient 100% électrique
Pour en arriver là, nous avons du établir une certaine mixité, c’est à dire monter un règlement où nous ne savions pas au début qui aurait le dessus entre les électriques et les thermiques. Pour cette 31ème édition, ce sera très simple puisqu’il n’y aura plus que des électriques ! Le Trophée Andros devient 100% électrique, sauf pour l’AMV Cup en moto. Andros n’a rien à voir avec le sport automobile, il ne faut pas l’oublier. Andros a une image liée à la nature et aux fruits. Il fallait donc aller vers tout ce qui est naturel. Le Trophée Andros a su acquérir une belle notoriété et il est devenu très populaire. Nous n’avons pas besoin d’expliquer ce qu’est le Trophée Andros, tout le monde sait que c’est une course sur glace. Avec ce virage vers le tout électrique déjà amorcé il y a dix ans, la marque Andros, soucieuse de protéger la nature et de favoriser la biodiversité, travaille pour l’avenir et pour la nature.
Bruno Cammalleri : Quid de l’Enedis Trophée Andros électrique ?
Max Mamers : les Andros Cars électriques servaient pour les jeunes pousses, qui ont d’ailleurs tous très bien performés. Nous avons pu révéler de jeunes talents tels que Nicolas Prost, Christophe Ferrier, Matthieu Vaxivière, Nathanael Berthon et Aurélien Panis. Cette série deux roues motrices a fait son temps et son boulot. Nous en ferons rouler seulement six au lieu de douze. Désormais, les courses d’Andros Cars seront uniquement réservées aux personnalités invitées. Des compétitions à thèmes seront organisées, par exemple, entre les chefs, les sportifs, les musiciens. Nous prévoyons par exemple d’inviter des cyclistes pour le meeting d’Andorre où nous espérons avoir Romain Bardet, Warren Barguil et Julian Alaphilippe. Et peut être Loïc Bruni qui vient d’être champion du monde de VTT descente.
Bruno Cammalleri : Justement, vous avez su attirer au fil des années beaucoup de grands noms sur le Trophée Andros, des sportifs venant d’autres disciplines comme des people…
Max Mamers : Oui, nous aimons le fait de croiser les univers. Nous ne voulons pas seulement attirer que des pilotes « purs et durs ». La matière première qu’est est la glace permet cette ouverture. Ce n’est pas seulement du sport automobile, c’est avant tout un sport de glisse avec sa dose de fun et de paillettes. Ca reste bien sur un sport et les participants n’oublient pas qu’il y a un chronomètre. On tient à garder cet esprit pionnier et jeune. Sur la glace de l’Andros, on peut retrouver un Alain Prost qui l’a remporté à trois reprises (2007, 2008 et 2012) avec le pilotage millimétré qu’on lui connaît glissant le moins possible, ou quelqu’un comme Yvan Muller qui peut partir en marche arrière dans une épingle. Imaginez ça en Formule 1, vous ne verrez jamais ça ! Il y en a donc pour tous les styles, du pur pilotage comme du plus fun.
Fidélité, convivialité et compétition
Nous avons déjà eu le plaisir de recevoir Claudio Capéo, Camille Lacourt, Stéphane Plaza, Guillaume Pley, Michel Sarran, Arnaud Tsamère sans oublier Jean-Pierre Pernaut ou encore Jean-Marie Bigard. Et la liste continue de s’ouvrir. Nous tenons à cet esprit de fun et de convivialité. Nous avons toujours voulu avoir cette ambiance et ces valeurs : fidélité, convivialité et compétition. Frédéric Gervoson, patron du groupe Andros, et moi même, avons créer le Trophée Andros : nous sommes du Lot et de la Corrèze, c’est à dire des terres de rugby. Andros est d’ailleurs sponsor du Top 14, de Brive et du Racing 92. Néanmoins, la compétition est excessivement difficile à gagner. Je me souviens des mots d’Alain Prost, pourtant triplement vainqueur du Trophée, qui avait dit que c’était plus dur de remporter le Trophée Andros que de faire la pole en F1 !
Bruno Cammalleri : Le Trophée Andros s’est rendu pour la dernière fois au Stade de France en février 2019. Pourquoi vous n’y retournerez plus ?
Max Mamers : Nous n’irons plus courir au Stade de France car on a beaucoup de difficultés à produire les pains de glace en France. Or, il faut mettre 700 tonnes de glace au Stade de France. Les technologies et les besoins en glace ont évolué et nous n’avons plus personne qui ne fabrique des pains de glace. De plus celle-ci fond avec le passage récurrent des autos. Et les conditions ne s’arrangent pas avec les années. On se rend compte sur le terrain d’un net recul du froid. A l’époque, on faisait la préparation du Trophée Andros à Val Thorens vers le 15 novembre avec trois jours de roulages sans aucun problème. Aujourd’hui même vers le 10 décembre les conditions de froid ne sont pas optimales. Les chutes de neige qui tombaient en novembre tombent désormais fin décembre. Tout est décalé et c’est un réel problème.
Bruno Cammalleri : La chaîne L’Equipe diffusait la compétition en clair ces dernières années. Comment va évoluer la retransmission TV du Trophée Andros ?
Max Mamers : Le Trophée Andros ne sera pas diffusé sur la chaîne L’Equipe l’année prochaine. Nous travaillons actuellement sur d’autres pistes, notamment avec le groupe Canal+ et la chaîne Automoto. Avec l’Equipe, nous avions un format de deux émissions en direct d’1h45 avec des audiences satisfaisantes, mais c’est un modèle à revoir, en sachant qu’il y a la récurrence des sept étapes du Trophée. Il faut donc faire plus court. Le résumé de 52 minutes en léger différé que nous avions auparavant semblait plus dynamique. Un peu à l’image de la diffusion du championnat de France des rallyes. Je pense que nous allons revenir vers ce genre de format pour l’avenir. Par ailleurs, nous préférons le créneau qui nous évite de subir la concurrence du prime-time du samedi et des programmes tels que Danse avec les stars, la Ligue 1 ou le Top 14. Nous avons trouvé notre public familial et nous travaillons plus sur le digital pour élargir notre cible.
Bruno Cammalleri : Quelles sont vos relations avec vos différents partenaires ?
Max Mamers : Nos partenaires majeurs sont Andros, qui est bien évidemment le sponsor titre, mais aussi Enedis, Motul, Yokohama et Mersen. Enedis est le fournisseur d’énergie. Leur implication dans les voitures électriques demeure très forte, en sachant qu’ils devront à terme adapter le réseau des villes et les infrastructures comme les parkings. Ils sont en première ligne et ils sont passionnés.
Nous sommes très heureux de compter Motul parmi nos sponsors car Motul est un partenaire historique du Trophée Andros. Mersen est nouveau dans la liste, même s’ils étaient déjà présents l’année dernière sur la voiture de Nico Prost. C’est un nouveau sponsor qui arrive grâce à l’électrique. Mersen est un groupe mondial spécialisé dans les technologies électriques et les matériaux avancés, la connectique, les batteries, la transmission d’énergie… Nous avons des échanges de visibilité avec d’autres marques comme Rebellion. Le sport automobile et son aspect chronométrique ont toujours eu des liens privilégiés avec les marques d’horlogerie. Nicolas Prost est d’ailleurs ambassadeur de la marque. On a aussi des échanges de visibilité plus classiques avec l’Automobile Magazine, RMC et Le Parisien.
Bruno Cammalleri : Quel regard portez-vous sur la Formule E ?
Max Mamers : A ses débuts et avant même son lancement, la Formule E a du franchir un grand nombre d’obstacles. Aujourd’hui, on constate que la plupart des grands constructeurs ont rejoint le championnat, y compris Mercedes et Porsche qui seront présents pour la saison 6. C’est un succès commercial. La Formule E a désormais libéré une grande partie de la chaîne de traction alors qu’au départ tout le monde avait la même. L’avantage ? Tous les constructeurs peuvent se lancer dans la course à l’innovation. L’inconvénient ? C’est devenu exorbitant. Je trouve néanmoins que les courses sont ennuyeuses. La philosophie de la course en ville avec la promotion de l’électrique est géniale, mais en ville la contrainte de remettre des murs en béton appauvrit l’aspect piste, avec pas ou peu de dégagement, peu d’endroits pour doubler, sans parler de la difficulté de prendre des photos pour les photographes. Concernant le format, je préfère celui de la Formule 2 avec la grille inversée pour la course 2.
A Pau, en mai 2011, nous étions les premiers au monde à faire une course 100% électrique
La technologie de la Formule E évolue vite, les monoplaces qui vont de plus en plus vite devront peut être quitter les villes et retrouver des circuits plus classiques. Pas forcément un tracé de sept kilomètres comme Spa, mais éventuellement des circuits comme celui de 3 kilomètres du Castellet. Ce serait un bon compromis. N’oublions pas que le premier Grand Prix de la planète qui a eu lieu en électrique c’était avec mes Andros Cars électriques à Pau en mai 2011. Soit trois ans avant la première course de Formule E (ndlr : à Pékin en septembre 2014). Nous étions les premiers au monde à faire une course 100% électrique. Nous avions eu droit à l’appellation grand prix électrique car Pau y a historiquement droit.