Alors que la cinquième édition du Tour de La Provence vient de se terminer à Aix-en-Provence, sportsmarketing.fr a rencontré Pierre-Maurice Courtade, le directeur d’une épreuve qui a officiellement intégré l’UCI ProSeries et qui ambitionne de devenir l’un des plus grands événements télévisuel de la région Sud.
Bruno Cammalleri : cette cinquième édition du Tour de La Provence qui passe au niveau UCI ProSeries est-elle l’édition du changement de braquet pour votre épreuve ?
Pierre-Maurice Courtade : oui, pour accéder au niveau UCI ProSeries il fallait avoir 10 pays diffuseurs dans le monde. Nous avions deux options : soit, trouver des accords avec des chaînes dans chaque pays, soit travailler avec Eurosport. Nous avons finalement retenu la première option. Nous avons des accords bipartites dans chaque pays entre La Provence et les chaînes. Notre objectif était d’avoir entre 20 et 30 pays. Or nous en avons 190 aujourd’hui… quand nous sommes arrivés à la tête du Tour de La Provence avec Marion Rousse, l’une des premières demandes des actionnaires du Groupe La Provence était de rendre l’épreuve visible à la télévision. Et c’est ce que nous avons fait en phase 1 avec la Chaîne L’Equipe. Aujourd’hui, nous sommes passés à la phase 2 qui correspond à l’internationalisation de la course : le Tour de La Provence est diffusé dans plus de 190 pays avec, en seulement deux années, 500 à 600 millions de foyers touchés.
Bruno Cammalleri : Etes-vous fier d’avoir un vainqueur comme Nairo Quintana ?
Pierre-Maurice Courtade : c’est énorme ! Au-delà du vainqueur de cette cinquième édition, nous avons eu des étapes intenses : prenez la troisième étape (Istres – Mont Ventoux) avec le coureur français Rémi Cavagna qui a longtemps été échappé. Faire ce qu’il a fait c’est top pour la course ! Ensuite l’attaque de Nairo Quintana au pied du Ventoux, ce qui lui offre ensuite la victoire de l’étape puis du classement général, c’est le scénario parfait de ce que l’on pouvait attendre.
Bruno Cammalleri : comment voyez-vous le Tour de La Provence dans l’écosystème des événements sportifs du sud ?
Pierre-Maurice Courtade : justement, avec ma société PMC Consultant, je travaille sur le Grand Prix de France de Formule 1. Les équipes travaillant sur le Tour de La Provence sont à 80% les mêmes que celles qui travaillent sur le Grand Prix de France. Si demain on devait réfléchir à des synergies entre ces deux grands événements, si on y parvient un jour, cela pourrait avoir une logique. Après, ce sont des décisions qui sont avant tout politiques et qui prennent du temps. Il y a beaucoup d’autres événements, les finales des coupes européennes de rugby à Marseille cette année, les FIA Motorsport Games annoncés au Castellet c’est encore assez récent et je ne sais pas ce que cela va donner. Bien sûr il y a l’OM ! Et c’est un vrai sujet. Le développement des grands clubs de foot européens se fait sur le hors stade. Aujourd’hui, pour en avoir déjà parlé avec le président de l’OM, c’est aussi leur volonté de venir dans le hors stade.
Dans le Tour de La Provence, on veut qu’il y ait un état d’esprit. C’est avant tout une famille.
Concernant les synergies, imaginons sur le long terme dans six ou sept ans, qu’une épreuve comme le Tour de la Provence trouve une synergie avec l’Olympique de Marseille et puisse faire par exemple une arrivée finale sur Marseille, cela peut être un rêve mais il faut voir si cela est réalisable, si l’état d’esprit est le même… En tous cas, nous, dans le Tour de La Provence, on veut qu’il y ait un état d’esprit. C’est avant tout une famille, c’est un groupe. Le business est important dans le sport mais il ne doit pas passer au-delà de l’aspect sportif.
Bruno Cammalleri : c’est-à-dire ?
Pierre-Maurice Courtade : justement, ne rien changer par rapport à ce que l’on fait depuis deux ans ! On est une famille, on se connaît tous, et c’est important de grandir tous ensemble. Tous ceux qui ont contribué à la réussite de l’événement ces deux dernières années sont encore là à 90% et le seront l’an prochain. L’objectif c’est de pouvoir garder cette convivialité avec le public. Ne surtout pas en faire un no man’s land où les gens auraient du mal à accéder à la course et aux coureurs. Il faut rester dans l’aspect populaire.
Bruno Cammalleri : quels sont vos partenaires et quelles sont vos relations avez eux ?
Pierre-Maurice Courtade : pour nous les partenaires numéro 1 ce sont les mairies et les villes qui nous reçoivent. Ce sont elles qui nous permettent de faire ce que l’on fait aujourd’hui. Expliquer à la mairie de Bédoin (Vaucluse) que l’on va venir chez eux en février pour ajouter une course de vélo n’est pas forcément évident. Et bien c’est grâce à leur collaboration que la compétition existe. Si on n’a pas le soutien de la mairie de Bédoin, on ne peut pas faire l’étape du Ventoux. L’assemblement de toutes les mairies représente bien notre partenaire numéro 1. Le deuxième c’est le département, suivis de tous les partenaires privés comme le Crédit Agricole, le Pasino, Intermarché, Ford, l’Hôtel Renaissance…nous sommes heureux d’avoir tous nos partenaires à nos côtés. Cette année est la première où nous arrivons avec des partenaires d’envergure nationale. Il faut que l’on continue en ce sens.
Dorénavant, nous avons besoin de travailler davantage sur la question de qu’est-ce que l’on va offrir à nos partenaires. Nous sommes sur un schéma d’une course de quatre jours, avec un budget conséquent puisqu’on a atteint 1 150 000 euros cette année. Et il faudra atteindre un plus gros budget à terme, ce qui n’est pas évident puisque le marché provençal reste un petit marché. Au-delà de la visibilité maillot, ce qui est important c’est le format de ce qu’on peut donner. Pour une marque qui va investir dans un sport ou un sportif, la visibilité ne suffit plus. Il faut du contenu. Nous le voyons bien avec des partenaires comme Pasino ou Ford. Pour qu’une marque puisse investir, il faut qu’elle ait une bonne visibilité, que ça contribue à sa notoriété, mais il faut aussi du contenu pour que la marque puisse faire des activations sur la personne ou le produit. A nous désormais de trouver le meilleur contenu possible parce que nos concurrents aujourd’hui ne sont pas les autres courses de vélo mais ce sont le Grand Prix de France de F1, l’Olympique de Marseille, le PAUC, le PARC… une entreprise qui va arriver avec un certain budget, disons 40/50 k euros, sera sollicitée par toutes ces structures et compétitions. A nous d’avoir le meilleur produit marketing pour être en avance. A nous aussi de voir comment mieux faire vivre cette course de quatre jours sur une année entière. A travers un club d’entreprise ? Une équipe cyclo sportive ? Nous y réfléchirons.
Bruno Cammalleri : vous avez aussi noué un partenariat avec Pure Océan…
Pierre-Maurice Courtade : j’ai rencontré le président de Pure Ocean qui me disait qu’il avait horreur du vélo ! Pour quelqu’un qui ne suit pas le cyclisme, ce sport est polluant. Il y a eu pas mal de réunions entre nos structures. De notre côté il y a encore des choses que nous ne sommes pas en mesure de faire pour diverses raisons, mais si notre structure venait demain à évoluer l’objectif est d’être bien plus sensibilisé sur les impacts de notre épreuve sur l’environnement.