Avant une affaire de dopage, il y a toujours une belle histoire. De sport, de dépassement de soi, de gloire parfois. Et puis c’est la peau de banane sous la semelle, aussi mortifiante pour le très grand champion que pour l’anonyme. Mais la belle histoire ne s’arrête pas au contrôle positif : car l’imagination des sportifs est sans limites pour expliquer, démentir le délit, échapper à la suspension et à la vindicte populaire. C’est parfois spectaculaire, souvent douloureux mais presque toujours drôle.
Cela s’est passé « à l’insu de mon plein gré » ! soutient l’athlète dans la tourmente, à l’instar de la marionnette de Richard Virenque dans Les Guignols de l’info. Loin d’être l’apanage des cyclistes, le boniment touche tous les sports – individuels et collectifs, de l’athlétisme au ski en passant par le billard – et tous les continents. Ce livre exhume les déclarations de probité d’une centaine de sportifs : des footballeuses nord-coréennes se déclarant victimes de la foudre après un contrôle positif aux stéroïdes ; Richard Gasquet se disant contaminé par un baiser à la cocaïne ; un rugbyman japonais voulant se faire pousser la moustache ; le coureur de fond Dieter Bauman assurant qu’on a introduit un produit dopant dans son tube de dentifrice… ! L’athlète contrôlé positif ne lésine pas sur les versions loufoques et arguments grotesques, mais c’est souvent la faute des autres : du médecin, du chien, du steak, de la famille, de la météo, d’un fantôme, d’une prostituée… Vraies ou fausses, crédibles ou délirantes, ces excuses composent un réjouissant florilège, où la puissance comique rivalise avec la performance sportive.
Achevé cet été, cet ouvrage s’inscrit tout de même dans l’actualité. Le Tour de France a ainsi montré que la suspicion plane encore sur le monde du vélo, grand contributeur de ce panorama de la triche. Qui sait si Nairo Quintana, Tadej Pogacar et d’autres encore ne viendront pas nourrir la légende…et déclencher une nouvelle édition, à l’insu de notre plein gré.