Comme elle a l’habitude de le faire chaque année lors des Journées de l’Arbitrage, La Poste met un coup de projecteur sur celles qui incarnent la fonction sur les terrains à l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes. Jean-Raphaël Gaitey, Responsable des partenariats sportifs du Groupe La Poste, nous détaille les actions de La Poste en la matière et en particulier une campagne digitale mettant en avant des duos d’arbitres hommes et femmes qui officient tout au long de l’année, sur tous les terrains.
Bruno Cammalleri : 9 Français sur 10 considèrent que le développement de l’arbitrage à l’avenir passe par la féminisation. Comment recevez-vous ce chiffre ?
Jean-Raphaël Gaitey : les Français imaginent que les femmes ont des qualités différentes et qu’elles peuvent apporter quelque chose de différent dans l’amélioration du climat sur un terrain de sport. Les Français comptent sur ces qualités – autant techniques qu’humaines et relationnelles – des femmes dans l’arbitrage. Ce chiffre encourage La Poste et les différentes fédérations à mener des actions de recrutement de jeunes femmes pour les emmener en nombre dans leur sport et l’arbitrage, et ensuite les faire progresser pour en avoir un certain nombre à haut niveau, à l’image de Stéphanie Frappart dont on parle beaucoup dans le football ou Laure Coanus dans le basket. La Poste est partenaire de l’arbitrage depuis 15 ans et nous soutenons les fédérations sportives dans leur plan de féminisation… Concernant les parrains des Journées de l’Arbitrage, nous avons chaque année un ou une ancienn(e) sportif(ve) par sport et on intègre très régulièrement des femmes dans le quatuor de parrains. Nous appliquons le même principe sur nos plateaux lors des conférences de presse de présentation des Journées de l’Arbitrage chaque année où la voix des femmes porte.
Bruno Cammalleri : comment peut-on se projeter sur la féminisation du corps arbitral à moyen terme ?
Jean-Raphaël Gaitey : il y avait un objectif de femmes arbitres dans le football qui était 1000. Or nous avons aujourd’hui 1200 arbitres féminines, ce qui prouve que lorsqu’on définit des objectifs on met en place ensuite des moyens pour tenter de les atteindre. 18,6 % de l’effectif total, cela reste insuffisant et il y a encore beaucoup d’efforts à fournir pour le faire progresser et ne pas se contenter d’un cinquième, ce n’est pas possible, l’arbitrage n’est pas un pré carré réservé aux hommes. On le voit bien, les femmes arrivent à faire leur place au plus haut niveau et à très bien arbitrer au plus haut niveau. L’UEFA fait confiance à Stéphanie Frappart en Ligue des Champions par exemple, et les fédérations ont conscience que l’on peut et que l’on doit aller bien plus loin. A moyen terme, je pense que l’on pourrait raisonnablement atteindre le chiffre de 30 % de femmes arbitres.
Bruno Cammalleri : à l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes 2021, comment va se décliner la campagne digitale que vous allez mettre en avant ?
Jean-Raphaël Gaitey : au sein de La Poste, la parité est un élément important : nous avons 52,4% de l’effectif total qui sont des femmes et 50,1% du personnel encadrant. La Poste veut servir de moteur et d’exemple auprès des fédérations. Ainsi, cette campagne digitale de sensibilisation qui met en avant des duos d’arbitres hommes et femmes nous permettra de communiquer sur l’angle de la parité à l’occasion de la Journée Internationales des Droits des Femmes.
Elle s’étalera essentiellement sur trois jours, du 7 au 9 mars 2021, mais elle durera un peu plus. Un bel article et un socle complet d’informations, de même que des visuels sont prévus pour cette occasion ainsi que trois vidéos de témoignages d’arbitres féminines rencontrées sur le terrain ces quinze derniers jours : Aurélie Groizeleau pour le rugby, Laure Coanus en basket ainsi que Clémentine Leclercq et Mathilde Duee pour le handball. Elle sera diffusée sur le site tousarbitres.fr qui permet d’apporter de l’information notamment pour les jeunes arbitres féminines et de susciter des vocations. Pour sensibiliser le grand public, nous la diffuserons aussi sur nos réseaux sociaux, Twitter, Instagram et Facebook. Communiquer sur des têtes d’affiche de l’arbitrage, cela parle aux fans. Ça sert de locomotive, un peu comme dans le sport de haut niveau finalement.
Bruno Cammalleri : sur les 4 sports que La Poste parraine – foot, rugby, hand et basket – quels sont ceux qui méritent selon vous d’accentuer la démarche de féminisation de son corps arbitral ?
Jean-Raphaël Gaitey : nous avons un traitement égalitaire vis-à-vis des fédérations. Lorsque nous montons une opération, nous embarquons l’ensemble de nos partenaires. Néanmoins, il y a peut-être un peu plus d’efforts à faire dans le rugby car les chiffres ne sont pas excellents (130 arbitres féminines) et sont légèrement à la baisse ces deux dernières années. La Fédération française de Rugby en a conscience et il y a un plan d’actions qui est en train de murir. On aidera la fédération dans ce sens. Le fait qu’Aurélie Groizeleau communique permet de faire comprendre que son parcours ne doit pas être atypique. Il doit se généraliser. Dans le handball de haut niveau, on parle beaucoup de Charlotte et Julie Bonaventura qui ont un parcours fabuleux. Elles ont arbitré la finale olympique de Londres 2012, la finale des championnats du monde au Japon en 2019. Mais derrière elles, il faut d’autres binômes féminins qui montent en puissance à ce très haut niveau.
Bruno Cammalleri : les thèmes sociétaux inspirent La Poste pour ses Journées de l’Arbitrage, avec par exemple ces deux dernières années l’autorité positive et l’engagement autour de l’intérêt général. Quels sont les autres questionnements de ce type sur lesquels La Poste pourrait se pencher prochainement ?
Jean-Raphaël Gaitey : tout ce qui se passe dans les territoires, et au niveau des clubs amateurs avec tout le tissu associatif et sportif, c’est très important ! Ce tissu va avoir besoin d’aide dans les mois qui viennent pour la reprise post-covid. Tout ce qui relève de la proximité et du terrain nous importe beaucoup. Nous allons vraisemblablement monter des actions dans ce sens.