Ce week-end, l‘Inde va tenter de réaliser ce que la Chine a fait en 2008 avec les Jeux Olympiques de Pékin, à savoir se relancer sur la scène internationale avec un événement sportif, le Grand Prix de Formule 1 Airtel de New Delhi.
En effet, en 2008, la Chine a utilisé les Jeux Olympiques de Pékin et le marketing sportif pour démontrer au monde tout entier que le pays était devenu une vraie puissance mondiale notamment grâce à une cérémonie d’ouverture qui nous a tous laissé bouche bée. Après les problèmes et les scandales liés aux derniers Jeux du Commonwealth, l’Inde espère que la Formule 1 sera l’étincelle qui fera briller le pays sur l’échiquier mondial.
D’un point de vue géopolitico-sportif, l’Inde fait partie des BRIC, ce groupement de pays composé du Brésil, de la Russie, de l’Inde donc et de la Chine. On a vu que la Chine a déjà fait son entrée dans la cour des grands du marketing sportif et les compagnons d’aventure brésiliens et russes viennent de se sécuriser les plus grands rendez-vous sportifs du 21ème siècle pour les 7 années à venir : la Russie accueillera les J.O. d’hiver de 2014, le Brésil la Coupe du Monde la même année et les J.O. d’été en 2016 et la Russie, la Coupe du Monde 2018.
La F1 est un sport qui a l’habitude de se déplacer et s’installer en fonction des flux monétaires (Chine, Malaisie, Abu Dhabi) et le choix de l’Inde est un signe fort pour ce pays déjà leader en sport sur le continent asiatique (notamment grâce au cricket). Le Circuit International de Buddh a coûté 400 millions de dollars à construire et même si l’Inde n’aura pas les 2 008 percussionnistes synchronisés de Pekin, le circuit sera inauguré par des stars de l’entertainment, à savoir Lady Gaga, Metallica et Boy George.
Alors que le propriétaire de l’écurie de Formule 1 indienne, Sahara Force India, est dans une mauvaise posture, la construction de la piste est un succès quand on connait le passif du pays dans l’accueil et la gestion des grands événements. La recette de ce succès? la gestion privée du projet… mais qui a impliqué quelques actes et décisions extraordinaires comme l’exemption de la taxe sur le divertissement et la non-enquête suite à un transfert d’argent douteux de JPSI (la société qui a construit la piste) à la maison mère de la Formule 1
Mais comme pour Pékin en 2008, le Grand Prix de Formule 1 d’Inde aura ses victimes, les quelques 200 paysans qui possédaient les terres rachetées par le gouvernement, avec comme alibi la construction d’entreprises et la création d’emplois pour la population locale. Au final, ces paysans continueront de vivre dans la plus grande des précarités avec peu voire pas d’électricité et d’eau pour vivre et ne toucheront rien sur les potentiels revenus issus du Grand Prix. Quand on sait qu’un ticket s’est vendu minimum 42€ et que le tarif suivant, 101€, équivaut au salaire mensuel d’une femme de ménage, il y a de quoi vouloir manifester comme les 200 paysans ont l’intention de le faire ce week-end.
Mais l’exemple chinois reste gravé dans les mémoires, à tel point que dans les pays développés ou en voie de développement, quand on parle d’événements sportifs internationaux, la réponse est « Demande à la Chine ».