Red Bull et Etnies ont réussi le tour de force de nous faire voyager dans le temps et dans Paris :
A peine 10 jours après la clôture des Jeux Olympiques de Tokyo et le passage de témoin à Paris, avec un concert au Trocadéro, c’est sur cette place mythique, côté Tour Eiffel, qu’a été choisi d’installer un skatepark regroupant l’ensemble des spots les plus emblématiques de la capitale.
Red Bull a réuni un plateau de 36 skaters qui n’a rien à envier à la meilleure sélection olympique ou même le best-of de toutes vos vidéos street de skate du moment.
Etnies fête cette année ses 35 ans et a profité de l’occasion pour ramener son team en force. Le big boss, Pierre-André Sénizergues, la légende par qui a commencé ici-même sur l’esplanade du Trocadéro en 1977 lorsque tout le monde faisait du roller en quad, était aussi de la partie.
Pierre-André Sénizergues – Boss de Sole Technology (Etnies/éS/Emerica/ThirtyTwo/Altamont, producteur de films sur l’écologie, ancien champion du monde de skate, finance des programmes d’aide aux SDF et accessoirement skater à ses heures)
Red Bull Paris Conquest porte bien son nom et a donc transformé les fontaines du Trocadéro en une compilation qui regroupe, dans le désordre :
- La Maison Penché de Gare du Nord, inaugurée en 2015 et qui sera détruite sous peu,
- Le Bloc de Marches de Bercy ; 5 marches de béton de 45cm chacune mais customisées, cette fois avec une mini-rampe qui permet de prendre de l’élan sur 3 options : 3 / 4 ou 5 blocs,
- Le Curb de Luxembourg : un banc placé derrière originellement une fontaine située à la sortie de la station RER Luxembourg,
- La Vague du Forum de Châtelet, ce bloc de béton qui représentait une vague juste derrière l’église St Eustache, et qui a aujourd’hui disparu avec la rénovation du Forum des Halles,
- Les Quais de Seine, ou une reproduction des plans inclinés en bloc de brique mais sans les pavés à la réception et surtout sans le risque de voir sa board finir dans la Seine et avec en petit bonus 2 petits bacs à fleur, parfait pour grinder,
- et enfin, et non des moindres, au centre du park, la reproduction de la Fontaine de l’Embâcle de la place du Québec. Une sculpture normalement en bronze sur le Bd St Germain, mais avec beaucoup plus de place pour les réceptions et les prises d’élan.
Hurricane Group, le prestataire qui a monté ce park de rêve, s’est appliqué à reproduire chaque module, au millimètre près par rapport au spot original, en apportant quelques modifications sur les prises d’élan et les réceptions.
Le must en un seul endroit mais aussi, un format inédit sous forme de playoffs : les riders s’affrontent dans des poules préliminaires (le 1er jour), puis en 1 contre 1, à partir des 8e de finale, le lendemain.
Le format et le spot ont donc permis à chaque rider de se faire plaisir et de tirer la quintessence des modules sachant que leur performance était jugée sur la capacité à exploiter chacun d’entre eux.
Le public est venu en masse : non seulement parce que l’endroit est très touristique et attire du monde, ou bien parce que l’event est gratuit mais parce que la synergie de l’affiche, de l’événement, d’un sport qui est visuellement très télégénique confirme le point de vue de Pierre-André Sénizergues :
“La présence du skateboard aux JO est une opportunité incroyable : pas seulement pour le skate de sortir de son image un peu underground mais c’est surtout les J.O. qui vont changer grâce au skate. En vrai, le skate va apporter beaucoup aux J.O. et eux vont s’adapter. Le skate restera le skate. Les Jeux ont lieu tous les 4 ans, le skate c’est tous les jours : tu prends ta board pour aller rider, te défouler, rentrer un tricks, te déplacer, faire une session avec tes potes.”
Ancien champion du monde de skate en 1985, il lance la marque Etnies en 1986. Conscient très tôt, de la question de l’impact environnemental et du changement climatique, il en fait la première marque de skateshoes “verte”, le siège, en Californie, est entièrement équipé de panneaux solaires et autosuffisant en énergie.
Il assure maintenant la production de films sur l’écologie avec un certain Léonardo Di Caprio en plus des projets sociétaux (un programme d’aide aux sans-abri), tout en gérant toujours sa société Sole Technology (éS, Etnies, Emerica, 32, Altamont)…et accessoirement trouvant du temps pour skater.
Quand on vous dit que ce Red Bull Conquest of Paris a vraiment réussi la crème de la crème du skate !
Mais le skate, c’est aussi l’école du béton, ou “concrete schoolyard” comme dirait Pierre-André maintenant à LA où il vit depuis plus de 30 ans.
L’ambiance était folle, le public était nombreux, les riders ultra motivés, mais malheureusement, certains d’entre eux ont accusé le coup après les J.O. et les tournages : le voyage et le décalage horaire, les retours de blessure et d’opération, les échauffements et phases préliminaires : il n’y a pas que les planches qui ont cassé !
En effet, durant le contest, il y a eu au moins 6 planches cassées, mais aussi des entorses aux chevilles ; Aori Nishimura s’est mal réceptionnée sur le genou et même le speaker Greg, y a laissé sa voix.
Mais même blessés, les riders sont rentrés dans l’arène, ce qui a donné lieu à des sessions comme celles de Vincent Milou contre Matisse Banc qui s’allonge sous les blocs pour que Vincent passe au dessus de lui, ou bien TJ Rogers qui mime un match de boxe lorsqu’il commence son run avec son adversaire Trevor McClung, ou bien même Jake Wooten qui, malgré un mal de tête et une déshydratation intense depuis 2 jours, a tout de même donné tout ce qu’il pouvait au public.
Le podium : N°2 Aurel Giroud/ N° 3 Charlotte Hym
N°1 Leticia Bufoni / Trevor McClung
N°3 Vincent Milou / N° 2 Aori Nishimura (Blessée) sur la photo la N°4 Eugenia Ginepro
Neymar et Leticia Bufoni
Ce ne sont pas les milliers de spectateurs, venus en masse, soutenir les français Aurélien Giraud, Vincent Milou et Charlotte Hym qui diront l’inverse. Tous les 3 ont fini sur leur podium dans leur catégorie. Et même Neymar nous a gratifié d’un passage pour dire bonjour à sa compatriote Leticia Bufoni, et pour admirer le show. Le skate c’est beau, sur un écran ça rend bien, mais en vrai, ça rend encore mieux.
Red Bull, et ses caméras embarquées et roulantes ont clairement su mettre le spectacle en images.
Merci Red Bull, Etnies et Hurricane.
Cela promet du grand spectacle pour les JO de Paris, si l’ambiance et le park sont aussi magiques que ceux auxquels nous avons eu droit pendant ces 2 jours.