Carton rouge à l’industrie du tabac : la campagne de l’ACT-Alliance contre le tabac à l’occasion de la Coupe du Monde de rugby

En amont de la rencontre entre le XV de France et la Namibie du jeudi 21 septembre à Marseille, l’ACT-Alliance contre le tabac a réclamé un monde sportif sans tabac.

Malgré les mesures mises en place par certains acteurs pour exclure avec succès les produits du tabac des grandes compétitions, il demeure toujours autorisé en France de fumer dans les installations sportives ouvertes et semi-ouvertes. Or, au regard de ses conséquences désastreuses sur la santé, l’environnement ou même la sécurité des stades, l’industrie du tabac et ses produits sont contraires aux valeurs portées par le sport et n’ont pas leur place ni sur le terrain, ni dans les gradins. Avec le soutien de plusieurs associations, collectivités, parlementaires et acteurs du monde sportif, l’ACT et ses partenaires appellent les pouvoirs publics à bannir définitivement le tabac de tout événement sportif. Un plaidoyer que l’association compte bien faire entendre malgré le désistement de grandes organisations sportives et la censure de dernière minute de sa campagne de sensibilisation par la régie publicitaire Médiatransports.

S’il leur est à présent interdit de faire la promotion du tabac, les cigarettiers ont longtemps associé leurs produits à l’univers du sport : goodies sportifs dans les paquets de cigarettes, tabac promu comme facteur de performance, sponsorisation de grandes compétitions sportives, placement de produits dans les séries télévisées, etc. Bien qu’antinomique, cette association a participé à diffuser l’idée selon laquelle le tabac serait compatible avec le monde sportif : près de la moitié des fumeurs (48%) pensent que fumer à petite dose n’impacte pas les performances sportives et deux tiers d’entre eux (66 % et même 47 % du grand public) croient à tort que faire du sport permet de nettoyer les poumons.

Or, au regard de ses conséquences sanitaires, mais également sociales et environnementales, l’industrie du tabac porte des valeurs totalement contraires à celles du sport : Le tabac est en opposition avec la promotion d’un mode de vie sain. Au-delà de diminuer fortement les capacités sportives des personnes fumeuses en perturbant leur rapport en oxygène, il expose directement dans les stades les joueurs, les supporters et le personnel au danger du tabagisme passif. Chaque année en France, le tabac cause le décès prématuré de 75 000 personnes, dont des non-fumeurs. Sa consommation s’oppose à l’esprit d’équipe. En plus de ne pas offrir un environnement favorable aux fumeurs souhaitant s’arrêter, elle banalise les produits du tabac auprès public, notamment aux yeux des enfants et adolescents qui peuvent être présents dans les stades. Parmi les personnes ayant acheté un billet pour se rendre à la Coupe du monde de rugby, 70 % d’entre elles ont prévu de se rendre au stade en famille. Par ailleurs, la présence du tabac lors des événements sportifs va à l’encontre de la préservation de l’environnement. Chaque année dans le monde, 4 500 milliards de mégots sont disséminés dans la nature soit l’équivalent en volume d’environ 5 Stades de France remplis de mégots. L’industrie du tabac compromet également la sécurité des enceintes sportives en accroissant les risques d’incendie.

Marion Catellin, Directrice de l’ACT-Alliance contre le tabac : « Compte-tenu l’essence même des activités des cigarettiers, il est incompréhensible que l’industrie du tabac n’ait pas encore été définitivement bannie de toutes les compétitions sportives. Aujourd’hui, 81 % des Français et même 63% des fumeurs sont favorables à cette interdiction, il relève à présent de la responsabilité du gouvernement de légiférer sur ce sujet. Si l’on souhaite briser définitivement l’association qui peut être faite entre sport et tabac, cette exclusion doit également s’appliquer aux partenariats noués par les organisateurs : bien qu’elle ambitionne d’avoir un impact positif sur le rugby, la société et la planète, France 2023 a contractualisé dès 2022 avec Alcome, qui n’est autre qu’une société privée réunissant l’ensemble des industriels du tabac. En promettant de recycler les mégots de cigarette en mobilier urbain, cet accord alimente le greenwashing des cigarettiers qui cherchent uniquement à redorer leur image et faire croire qu’il y aurait une manière écologique de fumer. Ce qui est totalement faux ! ».

Aujourd’hui en France, la loi autorise les organisateurs d’événements sportifs à bannir strictement le tabac de leurs manifestations. Une opportunité dont de nombreux acteurs se sont déjà saisis : en 2017, la FIFA a adopté une charte précisant que tous ses événements, dont la Coupe du monde de football, seraient sans tabac et plusieurs enceintes sportives françaises comme le stade Vélodrome à Marseille ou le Parc des Princes à Paris ont suivi cette initiative. Néanmoins, la plupart des politiques mises en œuvre n’excluent pas complètement la consommation des produits du tabac dans leurs enceintes et prévoient plusieurs exceptions (fumer reste toléré dans les espaces extérieurs spécifiquement aménagés à cet effet). Si des initiatives locales sont essentielles pour faire progresser le débat national, il relève à présent de la responsabilité du gouvernement d’étendre à l’échelle nationale cette politique de santé publique. Aux côtés de plusieurs associations, collectivités, organisations sportives et parlementaires, l’ACT- Alliance contre le tabac et ses partenaires appellent les pouvoirs publics à bannir définitivement le tabac de tout événement sportif.

Afin de faire entendre son plaidoyer, l’ACT a choisi de mobiliser l’opinion publique lors d’un événement attendu par de nombreux Français : la Coupe du monde de rugby 2023. À destination des amateurs du sport, sportifs ou simples supporters, cette campagne intitulée « Carton Rouge » va droit au but : l’industrie du tabac n’a pas sa place dans les événements sportifs. Révélé à Marseille le 21 septembre au cours d’une conférence de presse et d’un happening aux abords du Vélodrome, ce nouveau temps de communication sera ensuite déployé à l’échelle nationale jusqu’au 8 octobre 2023. Parmi les actions prévues dans ce dispositif, on retrouve une campagne d’affichage dans 4 grandes villes (Marseille, Paris, Lille et Lyon), un partenariat avec deux titres de presse phares de cette Coupe du monde (Midi Olympique / Rugbyrama et L’Equipe), un spot vidéo diffusé en ouverture de l’émission « Le Mag de la Coupe du monde de rugby » de TF1 (accessible depuis MyTF1.fr) et un relais sur les réseaux sociaux de la part de grands sportifs (la championne du monde d’escrime Manon Brunet et la très connue influenceuse Juju Fitcats).