Elle s’appelait L’Equipe TV puis L’Equipe 21. Elle s’appelle aujourd’hui la chaîne L’Equipe et elle vient de célébrer avec succès ses 25 ans avec toujours plus de sport en live sur son antenne. Si la chaîne L’Equipe conduit une dynamique d’acquisition de nouveaux droits ces dernières années, cette trajectoire s’avère particulièrement vraie s’agissant du sport automobile. Pour mieux comprendre cette stratégie, Sportsmarketing a rencontré Jérôme Saporito, directeur de la Chaîne L’Equipe.
Bruno Cammalleri : Formule E, Dakar, WEC, moto… ces dernières années la chaîne L’Equipe diffuse de plus en plus de sport automobile, et globalement de sports mécaniques, avec l’acquisition de nouvelles compétitions. Pourquoi la chaîne L’Equipe a-t-elle fait le choix d’investir les circuits ?
Jérôme Saporito : Le sport automobile dispose d’une superbe locomotive qui est la Formule 1. Elle embarque avec elle tout l’écosystème des sports mécaniques. Nous n’aurons pas les moyens de nous offrir la F1, ce n’est pas notre modèle économique et ce n’est pas grave. En revanche, il y a plein de sports mécaniques et de catégories, sur 4 roues comme 2 roues, qui ont tout autant d’intérêt. En tous cas, nous nous y intéressons. Cette vitrine de la F1 nous a permis de mettre en lumière les sports mécaniques. Le sport automobile est un sport dans l’air du temps : il y a une vraie appétence chez les jeunes, nous le voyons dans nos études, et le public demeure assez mixte. Plus mixte qu’on le croit. Nous sommes une chaîne en clair, nous nous devons donc d’être à l’écoute des souhaits de nos téléspectateurs. D’ailleurs, il n’y a pas que le foot dans la vie ! Nous avons fait un panorama de ce qui existait et de ce que l’on pouvait s’offrir. Ensuite nous avons pris notre bâton de pèlerin pour tenter de convaincre les uns et les autres de nous donner l’opportunité de diffuser ces disciplines.
Bruno Cammalleri : Samedi dernier la saison 10 de Formule E débutait à Mexico et l’Equipe vient d’annoncer une prolongation de trois ans de son partenariat avec Formula E. Pourquoi la chaîne L’Equipe a-t-elle fait le choix de diffuser ce championnat qui est aussi diffusé par Eurosport ?
Jérôme Saporito : Parce que la compétition s’est structurée, parce que la Formula E invente de nouveaux codes et parce que le sport automobile électrique prend de plus en plus de place. Il y a un constructeur français qui est DS et 3 pilotes français : Jean-Eric Vergne (DS Penske), Norman Nato (Andretti) et Sacha Fenestraz (Nissan). Cette connotation française est quelque chose d’important pour nous dans notre choix de diffuser la Formule E, sans oublier l’épreuve mythique de Monaco au calendrier. Tout au long de la saison nous porterons un regard particulier sur l’écurie DS Penske, parce que nous connaissons bien la marque DS et parce que nous aimerions accompagner Jean-Eric Vergne, déjà double champion, dans sa quête d’un troisième titre.
Bruno Cammalleri : Quid des audiences de la Formule E ?
Jérôme Saporito : C’est une audience à construire. La Formule E était dans l’ombre de la Formule 1, mais la Formule E a 10 années d’histoire contre presque 74 pour la F1. A la chaîne L’Equipe nous savons qui nous sommes. Nous sommes une chaîne de sport gratuite et qui propose une offre alternative aux mastodontes que sont les grandes chaînes généralistes, Canal+ ou beIN SPORTS. On doit creuser notre sillon et on essaie de trouver des histoires qui nous plaisent à raconter et on construit l’audience de cette façon, ensemble avec le promoteur Formula E. Les audiences sont au rendez-vous mais grimpent d’année en année. A nous de construire et on va mettre davantage de moyens sur site cette année pour rendre l’histoire encore plus forte et être plus près de l’écurie DS.
Bruno Cammalleri : S’agissant des journalistes et consultants, qui va-t-on retrouver sur cette saison 10 de Formule E ?
Jérôme Saporito : Nous repartons cette saison avec Mylène Dorange, Messaoud Benterki, Paul Petit, Adrien Paviot, avec également d’autres visages sur certaines courses. Nous avons constitué une équipe et nous continuons autour de cette équipe-là. Nous allons essayer d’être encore plus présents sur le terrain, en particulier lorsque les E-Prix se déroulent en Europe.
Bruno Cammalleri : L’Equipe annonçait fin décembre 2023 « qu’au moins 11 courses sur 17 et 9 séances de qualification de la saison 10 du Championnat du Monde de Formula E seront diffusées en direct sur la chaîne linéaire de L’Équipe », le reste étant diffusé sur L’Equipe live. Comment arbitrez-vous entre une diffusion sur la chaîne linéaire et L’Equipe live ?
Jérôme Saporito : Nous n’arbitrons pas, dans le sens où l’intégralité de la compétition et des qualifications sera diffusée sur L’Equipe live et commenté par nos spécialistes. Un passionné de Formule E pourra suivre toutes les qualifications et tous les E-Prix en direct sur l’Equipe live. Et dès que possible, dès qu’il y aura de l’espace, la chaîne L’Equipe accueillera les E-Prix en direct ou en léger différé. Nous avons une contrainte sur la chaîne L’Equipe c’est que nous avons un seul canal. Lors de certains week-ends il peut y avoir un embouteillage d’événements. Tout sera visible, les fans verront tout, et on ne veut pas faire de choix car choisir c’est renoncer.
Bruno Cammalleri : Vous avez également annoncé en décembre dernier que les 24 Heures du Mans continueraient leur route sur la chaîne L’Équipe jusqu’en 2025. Si l’épreuve des 24 Heures est l’épreuve mythique par excellence, parvenez-vous à fidéliser le public sur les autres manches du calendrier du WEC ?
Jérôme Saporito : Nous commençons et nous allons accélérer encore davantage là-dessus. Pour moi, les 24 Heures du Mans ça restera notre finale de Coupe du monde ! Les 7 autres manches du WEC doivent être les 7 matchs qui nous emmènent à la finale de la Coupe du monde. Nous allons investir plus de présence sur sites. Nous prévoyons une présence de notre équipe sur chaque manche du WEC (Qatar, Imola, Spa, Le Mans, Sao Paulo, Austin, Fuji et Sakhir) pour faire vivre dès que possible les remontées de grille (cela dépendra des contraintes horaires sur l’antenne) et le direct. L’intégralité de la manche sera sur l’Equipe live, parfois l’intégralité sur la chaîne L’Equipe, parfois les dernières heures sur la chaîne. Nous allons jongler selon le calendrier et tout n’est pas finalisé : le WEC a livré son calendrier 2024 jusqu’à la fin de la saison, mais plusieurs autres sports ne l’ont pas encore communiqué. Globalement, il faut retenir que notre souhait est d’accélérer sur le WEC pour rendre les 24 Heures du Mans encore plus belles.
Bruno Cammalleri : Parvenez-vous d’ores-et déjà à dessiner un bilan pour le premier Dakar sur la chaîne L’Equipe ?
Jérôme Saporito : Le bilan est fantastique, on se régale ! Aujourd’hui je suis resté 2 heures scotché devant l’antenne pour suivre Sébastien Loeb qui arrive à midi, racontant qu’il a eu une journée très difficile et attendant de savoir s’il est devant ou derrière Carlos Sainz qui lui-même arrive 10 minutes après. C’est une nouvelle écriture que l’on essaie d’apporter à la chaîne L’Equipe avec ce côté live. Nous voulions redonner une urgence de regarder le Dakar et de vivre le direct. Nous vivons et proposons sur le Dakar des moments assez incroyables et les pilotes sont très ouverts pour nous répondre. Les audiences sont au rendez-vous : nous sommes pratiquement à 600 000 téléspectateurs en moyenne tous les soirs sur le grand résumé. On tourne entre 100 000 et 200 000 sur le direct. Sur le Dakar nous avons une audience à construire, c’est la première année que nous le diffusons. On prend un plaisir inouï à remettre de l’urgence à regarder le Dakar. Messaoud Benterki, France Pierron, Mylène Dorange et toutes les équipes font un travail formidable autour de cette marque iconique. Nous essayons à notre niveau de réenchanter le Dakar !
Bruno Cammalleri : La chaîne L’Equipe vient de fêter ses 25 ans. Comment vous projetez-vous sur la suite ?
Jérôme Saporito : Les perspective sont belles à vivre. Nous venons de clore les 25 ans et on se lance dans le Dakar qui est d’une beauté totale. Des histoires comme celle-ci il y en a encore plein à vivre. Je ne sais pas encore où cela va nous mener. 3 mois avant le Dakar je ne savais pas que nous diffuserions le Dakar ! On a encore de belles émotions à faire vivre aux téléspectateurs. Nous avons la passion chevillée au corps, nous avons la passion de notre métier et la passion de transmettre.