Eddy Merckx est un continent à lui tout seul. Si le cyclisme a souvent traversé des époques binaires, vécu des dualités, Coppi-Bartali, Anquetil-Poulidor, Bahamontès-Loroño, à partir de Merckx, il y a Merckx et les autres.
Cinq générations se sont succédées depuis, mais à l’orée de ses 80 ans ce champion d’exception, retiré, invisible ou presque, n’a jamais été aussi présent.
Merckx est unique mais il s’inscrit dans une époque, un collectif, une génération, un milieu social. À l’intersection du récit, de l’enquête et du reportage, ce livre arpente la vie des acteurs des années 70 en Belgique, Italie, Pays Bas, Espagne et dans l’Hexagone, et fait réentendre des voix qui se sont tues ou qu’on n’a pas entendues. Ce sont des histoires tramées sur du réel, pleines d’émotion, qui racontent quelque chose et revisitent l’archéologie d’une époque.
On goûte les kilomètres, on se fond au cœur du peloton à travers les témoignages de ceux qui y étaient et l’on découvre que si Merckx s’arrêtait de bouger, il perdait son identité. C’est le moteur profond du merckxisme, couronné par 525 succès qui n’ont affecté ni sa droiture, ni son humilité. Ce livre aurait pu s’intituler « la céleste vie du plus grand cycliste de l’Histoire par ceux qui appartiennent au bottin d’une époque disparue » mais son titre est évidemment « Inaccessible Merckx. »
Guy Roger, journaliste, ancien grand reporter à L’Équipe, est l’auteur chez Solar de : Bernal et les fils de la Cordillère (Prix Louis-Nucéra 2021) et Moi, Lucho, l’important c’est de rester vivant.