Version Européenne des Winter X Games, fondés par ESPN aux USA en 1997, cette troisième session co-organisée par CANAL + EVENTS et ESPN s’annonce déjà, ou devrais-je dire encore, comme un des temps forts de la saison hivernale. En place à Tignes depuis 2010, j’ai voulu en savoir plus sur l’organisation, la gestion et l’impact pour la station. Pour cela, j’ai pris rendez-vous avec Sébastien Mérignargues, le directeur de la station de Tignes qui m’a reçu dans ses locaux.
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– Bonjour Sébastien, merci de me recevoir. Un événement tel que les X Games doit demander un maximum d’organisation pour une station telle que Tignes, même si c’est la troisième année que vous les recevez. Peux-tu m’en dire un peu plus ?
Tout d’abord l’organisation pour un tel événement demande une grosse préparation en amont. Outre la préformation du super pipe qui répond à des mesures imposées par ESPN, il faut stocker de gros volumes de neige pour la construction des modules du slopestyle et du pipe, environ 160 000 m3, de quoi recouvrir presque 20 terrains de football avec une épaisseur de 1 mètre de neige. Cela commence dès novembre avec la production de neige artificielle, puis l’équipe SPT (Snow Park Technology) effectue un premier preshape fin décembre /début janvier et mi- février l’équipe américaine arrive crescendo jusqu’à la date des X Games.
– Au niveau budget, quel est le ratio investissement et pour quelles retombées ?
Pour parler du budget événementiel, les X Games représentent 50% de celui-ci pour la station en cashflow et environ 2/3 du budget en valorisation surtout à cause de la mobilisation du personnel et du matériel en amont.
Les retombées médiatiques sont justes énormes, l’an dernier 428 journalistes invités qui représentaient 16 nations, plus de 1900h de diffusion TV dans 198 pays dont plus de 10h de live sur les chaînes du groupe Canal+ (sans compter les vidéos qui tournent encore). Evidemment les partenariats affluent tant au niveau local que national. On souhaiterait dire que tous jouent le jeu à fond, mais rien que le fait d’ouvrir des médias assez « fermés » à des sports extrêmes est déjà énorme.
En termes de fréquentation et de retombées économiques, les chiffres sont assez équivoques : dès la première édition, la semaine des X Games devient la 3ème semaine la plus fréquentée de la saison, pour sa deuxième édition, la semaine des X Games devient la plus fréquentée avec une avancée de 5pts par rapport à la 2ème meilleure semaine des vacances de février. Quelques 75000 personnes se sont déplacées dès la seconde édition.
– Au point de vue des évolutions, quels sont les projets à venir ?
Il faut avouer que la première édition nous a surpris par son ampleur en terme d’affluence nous avons alors concentré nos efforts sur l’accueil du public pour la seconde. Même si la station était prête, les flux de personnes étaient très importants. La préparation de la seconde édition s’est vue perturbée par les chutes de neige avant la compétition.
– Comment se passe le travail avec les équipes américaines ?
Leur professionnalisme est bluffant : la première année ils sont arrivés avec des plans et des études à partir de google maps. Ils savaient où ils voulaient leurs modules, comment ils voulaient leurs tracés, ils avaient un staff médical complet… Maintenant le travail et la coordination des équipes franco-américaines sont plus harmonieux, leur staff sur site à diminué. Ils disposent d’outils tels que leur chasse-neige qui est une machine de précision pour shaper les modules du slopestyle et le superpipe.
SPT propose le tracé, Canal + assure la couverture média et donc le placement des caméras le long des parcours.
– Le slopestyle avait reçu, l’an passé, un certain nombre d’échos négatifs, notamment au regard des snowboarders qui lui reprochaient d’avantager trop les skieurs et de manquer de vitesse pour le snow. Quelles modifications pour corriger cela cette année ?
Le tracé du slopestyle est totalement revu et modifié : moins de modules, le run est raccourci pour permettre les prises d’élan et la visibilité et le changement total de la zone. Tout cela, notamment, grâce aux retours des riders.
– Mis à part le tracé du slopestyle, il y aura-t-il des nouveautés dans le programme, comme du snowmobile, big air, skicross ou boardercross ?
Tignes est parfaitement capable de s’adapter aux évolutions à venir, après les discussions sont plus d’ordre administratif : ESPN souhaite introduire le snowmobile, mais en Europe le marché est restreint et l’utilisation très réglementée, pas comme en Amérique du Nord où ils utilisent ce moyen de locomotion comme des scooters. De plus niveau show c’est très impressionnant. Tignes est demandeuse des formules comme le skicross et le boardercross, car avec des pays comme l’Italie, la Suisse, l’Autriche, l’Allemagne et bien sûr la France où les disciplines alpines sont très médiatisées. Le concept n’est pas compliqué : le premier arrivé a gagné, pas de juge, pas d’arbitre. Le Big Air est aussi une option à développer pour plusieurs raisons, l’espace s’y prête parfaitement, avec un format nocturne c’est visuellement un spectacle très « showtime ».
Médiatiquement, Tignes a tout intérêt à miser sur le skicross/boardercross, visuellement c’est le Big Air qui serait plus intéressant, mais pour le marché Nord américain c’est le snowmobile.
– Vous remettez ça jusqu’à quand ?
Les X Games sont avant tout une superbe vitrine, j’aimerais vous dire qu’ils auront lieu à Tignes le plus longtemps possible. Pour l’instant les discussions pour les éditions 2013 et 2014 ont bien avancé. Un accord de principe existe entre ESPN, Canal + Events et Tignes. 2015 fait aussi l’objet de discussion, mais il y a des élections municipales avec les éventuels changements de direction qui peuvent intervenir. ESPN sont d’accord pour continuer avec Tignes, Canal+ Events aussi, il nous reste à finaliser le tout.
– Les X Games et Tignes c’est donc parti pour longtemps ?
Les X Games se greffent parfaitement à l’esprit, à l’ADN de Tignes : toujours en avant-garde avec le ski freestyle et les sports extrêmes, Les structures d’accueil et l’espace se prêtent idéalement à un tel événement. Le succès des précédentes éditions reflète l’investissement de Tignes. La synergie entre ESPN, Canal+ Events et Tignes porte ses fruits et en 2 ans les X Games sur Tignes ont accueillis autant de monde et drainé autant de médias et de diffusion que les X Games d’Aspen.
– Merci Sébastien, pour votre accueil et bonne continuation pour l’organisation.
A l’heure actuelle, Sébastien Mérignargues est en déplacement à Aspen dans le Colorado pour les Winter X Games américains et finaliser l’organisation. (Les X Games en vidéo en direct d’Aspen sur http://www.canalplus.fr/c-sport/winter-x-games-2012/pid4074-videos.html?vid=312568 )
Tignes accueillera les Winter X Games du 14 au 16 mars 2012 avec notamment Anaïs Caradeux, Kevin Rolland, Iouri Podladtchikov, Sébastien Toutant, Thomas Krief, Kelly Clark et beaucoup d’autres…
L’édition 2012 pleurera cependant la disparition de la multiple championne de halfpipe Canadienne, Sarah Burke, 4 fois médaillée d’or au X Games et 1 fois en argent, sa gentillesse et son sourire manqueront à tous.
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(Entretien réalisé le 12 janvier 2012 dans les locaux de Tignes Développement)