Je me suis rendu ce matin dans les locaux de France Televisions pour un débat organisé par Sporsora, intitulé « Quelle sera demain la place du sport dans les médias ? Comment Médias et Organisateurs répondent à ces nouvelles attentes ? »
Je vais essayer de vous résumer 2 heures de conférence en 2 articles… j’étais d’abord parti sur un article global mais je me suis dit qu’il valait mieux vous épargner ma prose…
Donc, le débat était mené par Bruno Fraioli (Stratégies/BFM) et les protagonistes du jour étaient Daniel Bilalian (Directeur Général en charge des Sports de France Télévisions), Laurent-Eric Le Lay (Président, Eurosport International), François Morinière (DG L’Equipe), François Pesenti (DG RMC Sports), Martin Rogard (DG, Dailymotion) et Eric Florand (Elu en charge de la communication à la Ligue Nationale de Handball).
Sur le papier, le casting et le thème (l’un des volets sans doute les plus intéressantes du marketing sportif) étaient alléchants et la salle était pleine pour entendre les protagonistes débattre sur ce thème.
La conférence a débuté par une présentation de Patrick Goddet (Vice-Président d’Eurosport et membre du conseil d’administration de Sporsora) qui a dressé l’état des lieux du marché du média en France et à l’international.
On retiendra parmi tous ces chiffres (plus ou moins récents selon les sources) que l’émergence des nouveaux devices (écrans) va engendrer une croissance de l’offre sportive avec premièrement de nouveaux acteurs et deuxièmement du nouveaux contenus. Avant/maintenant, nous avons les chaînes TV généralistes, la TNT, les chaines premium, les chaines sports, les chaines d’infos généralistes et les chaines d’infos sportives qui diffusaient majoritairement du contenu sport en live, en différé et en format informatif. Demain, la croissance de la consommation sur ces nouveaux écrans (TV connectée, PC, tablette, smartphone) va engendrer la naissance/émergence de nouveaux formats comme la catch up TV, la VOD et la SVOD (Subscription Video On Demand), avec un risque majeur : la fragmentation de l’audience. Et oui car la multiplication des écrans va entrainer la concentration des opérateurs sur les événements et sur les nouveaux formats afin d’offrir la meilleure offre, ce qui va donc disperser et fragmenter l’audience et rendre le business model d’une chaine ou d’un opérateur beaucoup plus compliqué.
Après cette introduction intéressante mais un peu longue, Daniel Bilalian, le « patron » des lieux, débuta le débat en affirmant que la révolution au sein des média a débuté largement avant l’avènement des média sociaux. En effet, selon l’ancien présentateur de Stade 2, l’arrivée de la TNT a complètement bouleversé le modèle économique le modèle d’audience de la TV. Ces nouvelles chaines, qui ont rapidement intégré le fait que le sport était un élément fondamental pour agréger de l’audience, ont progressivement acquis du contenu sport (sur des deals de moyenne voire petite ampleur) au grand malheur des chaines historiques. En guise de riposte, les chaines historiques comme France Télévisions ont donc été dans l’obligation « d’acheter du sport pour pas que ça ne parte ailleurs » et donc garantir la soi-disante exclusivité qu’elles avaient gagné en achetant en prix fort les droits TV.
Deuxième enseignement : les demandes des consommateurs ont changé forçant les chaines à mettre fin à la diffusion pure et dure d’événements sportifs. Pour répondre à cela, « nous faisons du spectacle » dixit M. Bilalian, en habillant une diffusion d’événement sportif avec des reportages et des dossiers thématiques (ex: diffusion des championnats d’Europe en salle sur France Ô) et en prolongeant les émissions sur Internet (ex: La prolongation, l’after-show de Stade 2 sur France2.fr).
Laurent-Eric Le Lay, Président d’Eurosport et responsable des acquisitions sport pour le groupe TF1, a débuté son intervention en disant très justement qu’Internet « nous a permis d’avoir accès à nos téléspectateurs de manière différente mais aussi à de nouveaux publics ». Il a enchainé sur l’application mobile Eurosport en indiquant que cette dernière « renforce l’audience et contribue à la promotion d’un événement qui sera lui diffusé sur une chaine TV ». Intéressant donc de voir et savoir la stratégie d’Eurosport sur l’Internet mobile, qui devient un driver d’audience pour le site principal (maintenant en 11 langues) et pour la chaine TV et non pas en contradiction voire en cannibalisation de l’offre TV. Dernier thème abordé par le speaker du Global Sports Forum Barcelona (déjà abordée au GSFB 2010 par ailleurs) : le piratage. Sur ce sujet toujours polémique, Laurent-Eric Le Lay a déclaré, je cite « le piratage n’est pas suffisamment au point pour représenter une menace importante », en mettant en avant les commentaires dans une langue étrangère comme l’un des freins majeurs au développement de la consommation de ce contenu… J’ai personnellement du mal à croire à cette phrase tant la place prise par les sites de streaming et le fait que regarder du football en français, allemand, anglais ou arabe, au final, cela reste du football… M. Le Lay a ajouté qu’il fallait créer une offre légale qui permettrait de contrebalancer cette « pratique » et s’est vanté de l’offre Eurosport Player à 4,99€… mais qui ne comptabilise que 70 000 abonnements sur toute l’Europe, la population de Colmar….
Suite au prochain épisode ! La 2ème partie devrait sortir d’ici demain mais n’hésitez pas à commenter et faire part de vos questions et/ou remarques d’ici là!